Les objets ont leur vie propre. Certains objets. Ils sont parfois des présences, autonomes, vivantes. Eux qui se servent de moi.
C'est le monde à l'envers !
Peut-être qu'à l'envers, par un effet de perception, le monde s'appréhende mieux, il devient une abstraction critique, sensible jusqu'au creux de la main.
Voilà. La voilà qui arrive. Je savais qu'en courant, elle s'approcherait de moi, assise sur ma chaise devant l'ordinateur. Rien d'étrange à cela, n'est-ce pas ?
J'ai une cigarette au bout des doigts, et je me tiens à l'affût d'elle.
Je ne sais plus de qui, de quoi je parle tout d'un coup...
De ma main qui bouge et court sur le clavier, un ruban de fumée enroulé tout autour, bandeau grisâtre balancé dans le vide,
ou bien de la chaise qui me porte.
Rien à voir l'une avec l'autre, une chaise et une main !
A moins que ce soit la main qui me porte, et la chaise, sur ses roulettes, qui me tienne à la table pour écrire ici, une cigarette au bout d'un rouleau vaporeux dans une photo de Willy Ronis, mort hier soir.
Chaise, main...
Chaise/main...
La chaise, une main...
Parce qu'une chaise n'est pas seulement une chaise, non.
Une main n'est pas seulement une main. Non, non !
Parfois même, c'est la tienne.
Une physique de la main accrochée à la chaise et l'inverse serait alors vrai !
L'envers du monde pour d'autres espaces, d'autres signes, d'autres lectures possibles.
Une cigarette collée au bout de nos doigts, un sfumato au plafond.
Alors surviennent, là, des perspectives aériennes, des dessins aventureux...
Une image pour toi, qui me lit.
Pour demain.