Ca sonne comme un nom de médicament. La tranquillité ou "l'absence des désordres liés aux émotions", dit Spinoza.
Nietzsche et Spinoza sont en tout cas d'accord sur le point de distance qu'il convient d'avoir face aux événements. Un leurre utile finalement pour ne pas nager dans la souffrance, ou plutôt afin de la contenir, et ainsi s'alléger l'existence. Les leurres utiles deviennent peut-être un jour un mode de perception. Une façon d'élargir le champ de vision, le rendre plus global, et se dire : "Finalement ce n'est pas si mal que ça !"
C'est user de la résignation comme un des beaux arts.
Pour autant, on manie toujours les paradoxes. Il nous faut, dit Spinoza, que la raison soit aussi forte que la passion pour ne pas être malheureux. Accepter et faire un travail de résignation contre soi-même. S'alléger serait donc dissoudre le conflit en soi, faire comme si tout allait bien, peindre le ciel en bleu... On en bave, on en pleure, on lutte... Marche ou crève !
Car il peine aussi Spinoza. Il désire et souffre. Il dit qu'il "désire ce qu'il ne souhaite pas vraiment et ne pourrait donner". Alors ça c'est fort de sa part ! Ouf, on est soulagé : il est homme, avec des désirs et des douleurs d'homme... La perception distanciée l'a-t-elle alors aidée à raisonner ses sentiments ? A éteindre la voix du coeur, le langage du corps comme une souffrance à mater ?
L'ataraxie ? Pas certaine du tout d'en vouloir, moi !