Je parlais de l'espoir par la solidarité l'autre jour, Albert Camus pour béquille. Une référence dont personne ne mettrait plus en doute la juste cause, défendue par ses actes et ses livres.
Aujourd'hui, passage d'une année à l'autre, je voudrais compléter mon propos.
Je dis le constat, terrible! d'une société malade. Il est faux de prétendre que les gens heureux n'ont pas d'histoire : ils ont une histoire, comme chacun, et elle est peut-être "heureuse".
Les gens mal-heureux ont aussi une histoire. ...
Mais d'autres paramètres, d'autres errances, d'autres douleurs.
Alors, pour eux, comment ne pas constater que notre société de la parole et de la technologie est elle-même coupée de sa parole, de ses liens, de prolongements bienfaisants ?
Ce qui se rappelle sans cesse à nous est toujours ce qui va mal.
Confrontée l'autre jour à la précarité, à la misère, à la désespérance des hommes, je ne peux rester muette et borgne, parce que l'émotion est forte. Le constat est désespérant, c'est une catastrophe !
Savoir. Juste savoir que passé ce moment solidaire, les êtres dépossédés retournent à la dépossession, à la rue, aux cartons pour le vent, et que le petit garçon, bonnet vert enfoncé sur le front, baisse les yeux sur ce qu'il sait déjà de l'injustice sociale. Il baisse les yeux !
Le constat que je fais est celui d'un manque de parole qui se contamine aux liens de la famille, du couple, de la fratrie, de la société dans son ensemble, trop emplie de ses peurs, de ses attentes et qui s'enlise.
Le constat que je fais est celui de la solitude amplifiée d'un manque de bienveillance.
Le constat que je fais est celui de la parole oubliée pour les uns, valorisée pour les autres, ceux qui ont l'impunité de la pensée correcte.
L'action solidaire merveilleuse, ( grain de sable sur la plage recouverte des algues boueuses de l'inégalité), et l'action commune des manifestants de ces derniers mois, ne parviennent pas à être entendues.
Les remous sociaux n'auront eu aucun impact. La France dort d'un oeil. De la vie dans le silence de ses organes de vie, mais la précarité l'empêche de hurler, figée dans son froid.
Le constat que je fais est celui d'être en devoir de trouver des moyens à sa disposition, pour chacun, se tenir en état d'indignation et de refus.
Dire "Non" à l'indifférence et à l'insupportable, dans une vigilance des jours à venir, en aide aux dépossédés de la terre.
Le 6 et le 7 janvier 2011 prochain, "L'avenir dure longtemps" apportera, je l'espère, je l'espère, une parole à la conscience d'être peu et de pouvoir encore... encore dire, sa place et sa lucidité.