Ta'achchaqa (tomber, se laisser prendre par l'amour)
La beauté est subjective. "Le bel amour, écrit Stendhal, est sous la tente noirâtre de l'Arabe Bédouin, c'est là qu'il faut chercher le modèle et la patrie du véritable amour". Le bel amour est donc mouvements...du coeur et de l'âme, ainsi que du corps.
Calligraphie ciselée et offerte à l'imaginaire amoureux, parchemin ajouré où des souplesses dessinent des arabesques, courbes et gestes, tensions abandonnées à une beauté instinctive, émotionnelle et sensible.
Une sensualité que la main pose sur la page à la hauteur d' une esthétique de chair et de sang, voilà tout le sujet du livre de l'anthropologue et philosophe Malek Chebel "Les cent noms de l'amour".
Ainsi, Malek Chebel relie dans son livre la langue textuelle et corporelle, pour une calligraphie expressive et mystérieuse où les vibrations de l'âme s'unissent à la beauté languide des signes.
J'en ai choisi quelques-uns, quelques mots... pas tout à fait au hasard parmi la centaine de ce registre amoureux... Alors c'est difficile pour "la pupille de mes yeux - "Oh ! La pupille de mes yeux" - une expression littérale qui désigne l'amour L'oeil de l'amour, le coeur.
Al-'ichq (le désir) Al-hiyâm (amour éperdu)
Al-wahl (amour sublime, terrifiant, transfigurant)
A ces dessins de l'amour parlant, ces "cent noms de l'amour" de l'imaginaire désirant, je relie volontiers "Fragments d'un discours amoureux", dont les figures décrites par Barthes sont autant de mouvements, de mystères et de tourments.
La beauté, c'est quoi ? Elle gît dans les détails du coeur, aux épines de ces signes, visages d'encre... une flamme grimpante qui entoure un bout de bois ou une branche et qui les consume dans un crépitement sonore de fibres et de feuilles sèches.