Je me souviens de ce "jeu" d'enfance : suivre une ligne sur un carrelage, ou les pierres des trottoirs. Suivre une ligne. La ligne. De quoi ?
C'était toujours courir un risque : poser son pied à côté, une disgrâce assurée. Jouer avec la peur. Mettre en balance la réussite et l'échec, le bien et le mal, la vie et la mort.
Se traîner dans les rayons du symbolique, en plein jour. La ligne !
Faire attention où poser ses baskets. La ligne ! La ligne ! Ne pas avoir confiance, en somme. Un déséquilibre soudain, pas prévu, avoir tout faux. La ligne elle-même, d'ailleurs, joue de vilains tours. C'est le plein danger. La ligne !
Il pleut, on dit qu'on regarde la mer, qu'on se troue les yeux pour l'apercevoir dans la flaque sur le goudron qui brille. La ligne est tordue comme une paille dans un verre d'eau.
Ligne de sorcière. Pas tracé à l'équerre. Su depuis presque toujours.
L'allégorie inventée de la ligne à suivre de nos pieds trébuchants, tu vois ça ? C'est Imaginer une idéale confiance. Pour oser lui sourire.
L'un en l'autre, et puis soi avec soi.
Et puis quoi ? sinon croire en l'impossible perte.