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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 02:48

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Ne pas oublier 

  

l'essentiel du soir,

fragile,

la coupe des arbres

en contrepoint des notes

- Pergolèse ? Non, non ! C'est Monteverdi-

ton visage

bleu marine.

 

Orféo ou Orphée est le fils de la muse Calliope.;
Le mythe d'Orphée (j'en parlerai ailleurs !) a inspiré de nombreuses oeuvres musicales, dont en 1607, une pièce lyrique en cinq actes de Monteverdi.

 

 

27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 03:04

2234299543_b7b3ca2a8e.jpg"... alors devait-on faire comme si de rien n'était,

maintenant que la lettre existait vraiment puisqu'on l'avait en main ?

 

Parce qu'on imaginait, (et on ne pouvait, du reste, faire que cela comme on l'avait toujours fait !)

 que la mère savait et n'avait rien voulu dire, et qu'alors on ne dirait plus rien non plus,

 

que parler ne signifierait jamais qu'une faute retournée à la manière d'un gant et que c'était peine perdue,

 

que penser énoncer quelque chose de soi ne serait pas pris en compte, mais mis à charge, dans la benne d'un camion,

 

que l'usage même des mots était une façon de se construire une défense et que cette posture valait en elle-même acceptation d'une culpabilité indiscutable, que donc mieux valait en rester là, dans l'immobilisme du silence pesant qui avait toujours prévalu, et s'il pesait, c'est bien encore à l'entendre qu'il signait la faute,

 

que lire en silence la lettre écrite trente-deux ans plus tôt, dans la cuisine de la mère, puis à l'arrêt sur un parking de voitures, puis une fois encore à l'arrêt dans une rue près des boulevards pour la lire à M., un voile liquide sur les yeux, était remonter le passé d'une façon à donner à réfléchir, et "donner à réfléchir" dans sa bouche n'était pas de bon augure ; aucun miroir pourtant ne pouvait me renvoyer le malaise d'alors, quand je n'avais je crois plus de visage qui tienne ma boussole,

 

que cette lettre en date du 13 décembre 78, personne n'en savait rien, à l'exception du père et de la mère, qui l'avait gardée malgré tout, enfouie dans un tiroir comme en eux-mêmes dans leur puits.

 

Dire n'importe quoi,

n'importe quoi,

à ce moment-là,

aurait été faire quelque chose.

Pour aller vers.

Pour comprendre.

Permettre à l'autre d'exister."

 

Extrait d'un journal imaginaire attribué à une inconnue

 

Et n'en déplaise à l'inconnue, les choses restent inchangées quand le consensus moral nocif est en action.

26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 15:45

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Ouh, que c'est joli !

La nuit.

Un verre et dedans un liquide qui pétille, peut-être.

Toutes les étoiles du ciel rassemblées dans la sarabande des bulles.

 

Et, moi qui ne suis pas scientifique pour trois ronds, (encore que les lois de la physique m'intéressent dans leur poétique ordonnance !), voilà que je me rends compte, grâce à un ami féru de sciences, (rendre à jkik ce qui est jkik ! Merci jkik !) qu'un glaçon plongé dans un verre n'est pas n'importe quoi.

Il fond. C'est le soir. Presque l'été. Une douceur qui appelle le glaçon.(Pas contrariant , le glaçon ! Il répond à la demande délicate de la saison entre chien et loup...) 

Il fond doucement. Une transparence d'eau. Dans le verre.

 

Il fond,

donc le niveau du liquide dans le verre va monter, doucement, au rythme de la fonte glaciaire.

C'est logique.

C'est clair.

Et c'est faux !!!!

Ben non, le niveau du liquide n'en sera pas augmenté dans le verre, puisque la masse du glaçon l'aura déjà fait monter.

La transformation de la matière du glaçon, (matière solide en matière liquide) ne changera rien à la ligne de flottaison.

 

C'est logique, ben oui !

C'est clair, ben oui !

Comment m'étais-je laissée abuser depuis toujours par un phénomène physique premier degré ?

Mais comme je n'étais pas la seule à faire advenir à ma conscience une évidence, je me dis qu'il est bon de mettre carte sur table, et glaçon dans son verre.

 

Jabès avait donc bien raison "Rien n'est moins évident qu'une évidence !"

 

24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 11:36

 Je reçois cette lettre d'Algérie de Ali Haroun.

Je me revois là-bas.

726727032_small.jpgComme je l'imagine, mon père, 

contenant dans l'anse de ses bras tout le ciel fou, depuis ce balcon à Oran.

Pour quelle inflexion de la voix ? 

Une émotion au fond de lui.

Toutes les autres enfouies dedans.

"Regarde comme c'est beau, rien n'est plus beau que ces ciels d'Algérie !"

 

 

Je me souviens que je l'ai bu, le ciel, ivre de lui, un essoufflement au coeur, une suffocation, et une sorte de vide, un passage à vide pour cette évidence d'être là où je me tenais, sur un autre balcon, à Alger. 

 ALGER 028 ALI HAROUN

Puis,

ainsi que je le rencontrais,

Ali Haroun, mon père de l'autre rive.

 

Il me parle.

Des mots, noir sur blanc, quand le temps presse de ceux qui ont manqué.

 

"Comme l'a écrit je ne sais quel philosophe, la vie est faite de volontés qui ne se réalisent pas et de réalisations qui n'ont pas été voulues."

 

Où donc me tenir, ailleurs qu'ici,

dans l'émotion que je ne pouvais qu'inventer,

et dans celle qui m'est présente

et traverse la mer ?

 

23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 17:26

862773763_138f0e6a43.jpgJe relis des extraits de Jean-Pierre Spilmont

 

"on détrame les mots et

fil à fil, on,

appartient(s')

entre chien et loup l'autre

peut encore détruire l'ombre

et détramer son corps

fil à fil

vers un matin

sans cicatrice."

 

 

"Un matin sans cicatrice", l'idéal de ce qui serait "un",

le tout relié à tout, dans une parfaite cohérence de la pensée,

une unité des choses à portée de mains et de regards,

une unité qu'on voudrait bien,

toute impossible qu'elle est.

La simple évidence de défaire la distance en soi,

nos mains parfois méconnaissables,

que nous ne savons pas déchiffrer.

 

Me revient ce que je racontais aux enfants dans mon groupe de théâtre.

Pour leur montrer que la sensation est la seule pour chacun qui vaille une justesse à accueillir en soi-même.

Et je leur parlais de la peur pour qu'ils n'aient pas peur de la sensation,

et qu'ils la reconnaissent.

 

Je leur prenais l'exemple du rêveur qui fait un cauchemar.

Le rêveur, tu vois, c'est toi, c'est moi,

c'est "on" qui rêve, puisque c'est tout le monde.

On rêve. Un cauchemar. Une poursuite. On nous poursuit.

On court.

Dans le rêve, on court.

On est hors d'haleine, dans une tension extrême, un essoufflement.

Une aspiration de soi vers le dedans. On se rétrécit.

La tension compacte comme un poing.

Sur le point d'exploser.

Et... On se réveille.

 

"On" redevient "je".

Je me réveille. Je ne sais pas où je suis. Besoin de me récupérer.

...Ca y est. L'espace de la chambre retrouve son périmètre et ses contours.

Mon lit. Mes draps, je m'y accroche. Je souffle. Mon coeur bat.

Bat fort. Si fort encore.

Je sais que mon rêve n'est pas le réel,

ce que j'ai rêvé est faux et pourtant ma peur est vraie.

 

 

 

 

22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 20:14

003.JPGJ'ai entendu cet apres-midi Xavier Pommereau, lors du colloque mené par Claire Seriès et Gérard Ostermann.

Le corps.

Ses représentations culturelles, affectives, identitaires, sociologiques.

L'image du corps, au carrefour de ces horizons.

L'image déformée de l'éprouvé du corps.

 

Derrière la peau, un être parle, et se joue la tragédie de l'humaine comédie humaine. Notre finitude devant nos yeux, un mystère du vivant plus grand que tout. 

La déviance qui se place, peu à peu, dans ses expressions multiples.

L'anorexie, une maladie qui a la particularité de ne pas être univoque.

Xavier pommereau dit :

 

"On se saisit de l'anorexie par un bout, mais elle échappe toujours. On ne peut pas la coincer dans une catégorie. Elle est insaisissable. Le miroir ne sert pas aux femmes malades à se regarder, mais à se "vérifier"."

Comment se fabrique la maladie ? Les déviances qui s'expriment par le corps ? qu'est-ce que l'image du corps ?

L'adolescent qui va bien reste dans l'écart de conduite. 90% des ados vont bien. 014.JPG

L'adolescent qui va mal  est celui qui est dans la rupture, dans la cassure, dans la déchirure, dans la coupure. C'est celui qui va fuguer, se scarifier, s'alcooliser jusqu'au coma, faire des tentatives de suicide...

Il lui faudra s'infliger des blessures qui soient visibles, s'éprouver dans des sensations fortes. Là, il y aura gravité et urgence de soins."

 

 Xavier Pommereau distingue six facteurs marqueurs de gravité : l'âge d'apparition et la précocité des troubles, le cumul des différentes formes de rupture, intensité de la conduite, la répétition de ces conduites, l'inversion par sexe et enfin le critère de l'atypicité.

 

Par la répétition des conduites nocives, ce n'est plus l'être qui exprime sa volonté, mais le corps qui décide.

Dans la dangerosité de la conduite explorée. 

S'il faut à l'ado échapper à son angoisse, à l'intérieur de soi "à feu et à sang", il ne fuguera pas forcément parce que les rapports avec les parents sont mauvais, mais pour s'échapper à lui-même et se faire reconnaître dans son altérité. Que serait le jeune fugueur qui ne serait pas recherché ? Il n'existerait pas, il n'existerait plus. Où serait-il alors ? Si l'autre ne réagit pas, c'est donc qu'il abandonne...

 

Les garçons se scarifient peu. Ils tapent, se tapent, tapant la peau de la société en taggant les murs, frappent et se battent... pour que l'ecchymose se voit.

 

Quant au critère de l'atypicité, suffit de s'imaginer un jeune garçon adolescent qui se scarifierait au cutter une croix gammée sur la joue...

1 sur 2 des ados garçons qui se scarifient sont des ados dans une souffrance psychique grave. Ils seront repérés, généralement plus tard, évoluant dans des formes de schizophrénie.

 

Claire Seriès est venue éclairer les paroles de Xavier Pommereau par ses observations chez les femmes adultes anorexiques, dans leur parcours de vie, leur vie de femme donnant la vie, la maternité vécue comme une promesse mais souvent la rechute anorexique après ; la guérison n'étant donc pas avoir une sexualité, des enfants et...

Non, la guérison022.JPG rassemble des facteurs multiples reliés tous au vivant et fonctionnant tous en liens les uns avec les autres.

 

Gérard Ostermann cite Edmond Jabès : "Il n'y a rien de moins évident que l'évidence."

 

 

 

Cet après-midi, j'ai senti quelque chose de l'intelligence humaine.

Un questionnement,

 toujours un questionnement à l'oeuvre, engagé, vivant.

Pour le vivant.

 

Toujours un questionnement.

 

 

19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 17:24

011.JPG

 

Ah ces grandes pluie d'avril à se croire en été !

 

Je me souviens de ces heures sans bouger sous la véranda de ma grand-mère.

Au mois d'août, c'était souvent. 

Chacun assis sur un strapontin à se rien dire ou si peu, les grands comme les petits, à la seule différence que nous, les enfants portions des shorts.  

Je me souviens que je n'aimais pas ce vêtement. Sans coquetterie. Brut de décoffrage. Fait pour grimper aux arbres. Je ne grimpais pas aux arbres.

Mais c'était aussi un temps où l'avis des gosses importait peu, en tout cas le mien n'importait pas.007.JPG Me passait même pas par la tête, dans mes huit, dix ans, de contester quoi que soit. C'était comme ça que "ça" marchait, donc je marchais.

 

Quelquefois, il y avait des orages.

Et ça sentait bon la terre.

C'est à ce moment-là peut-être qu'on se rapatriait sous la véranda. Je ne saurais pas dire.

L'orage !

La terre et le ciel faisaient diversion à l'ennui.

Signe qu'on allait plier bagage sous peu !  

Le ciel et la terre étaient une mire dans laquelle chacun se rassasiait les yeux, guettait l'accalmie pour l'alibi du départ, une levée du camp en douce "avant que ça ne reparte de plus belle !"  

De fait, mine de rien, on se faisait la belle, et la météo servait de prétexte convenable.

Oui, c'est cela, tout était convenable,

tout l'a toujours été...

 

 

 

Merci à Claire de me faire cadeau de mon prénom en arabe. Trop beau !

 

 

19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 03:06

 

 Du film Urga, je passe à ce livre "Liquide" de Philippe Annocque.

Je ne sais quels méandres de la pensée m'y ont conduite.

 

Peut-être toi, une vague idée de ce qui se perd et se tord comme un linge,

"ce glissant désir rincé, disparu par le rond obscur de l'évacuation."

 

4228908235_eba1a13f0e.jpg

Je n'ai pas fini le livre, mais allez savoir comment ça prend, le liquide des mots, la liqueur de la langue qui coule, un clapotis du dedans, un goutte-à-goutte infiltré des sensations de ce qui a eu lieu, avant.

Avant quoi ?

Avant que le souvenir ne devienne souvenir et se transforme,

forcément se transforme, en images fluides, floues et fluides.

 

Une netteté de l'instant de l'eau de vaisselle dans l'évier de la cuisine,

du fleuve aux flots opaques,

des flaques dans une cour de récréation,

un avant-goût de la mer pour le salé des larmes silencieuses de l'enfant gourd...

 

Des superpositions de liquides jusqu'à la décrue des pas, des passants, d'un corps parfois, sous une douche, pendant la saisons des pluies qui vibre lent et tant rêveusement...

 

Un roman, un drôle de roman surprenant et magnifiquement écrit, mené on ne sait pas comment pour nous inonder d'une sorte de poétique sous la peau.

Une surface de l'eau grossie sous la loupe de Philippe Annocque, tantôt sale, tantôt irisée de vert et de bleu, traces d'essence, un kaléïdoscope sur le trottoir qui répand ses transparences molles. 

 

 

"Liquide" par Philippe Annocque, Quidam éditeur

 

19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 00:00
Dans la vie du couple, Pagma et Gombo, survient le Russe Sergueï, tombé en panne avec son camion.
Une amitié inattendue naît entre les deux hommes.
Gombo viendra au secours de Sergueï, arrêté par la police chinoise, suspecté de subversion après être monté sur scène pour chanter une valse torse nu.
Son rire devient des larmes, ses yeux se ferment...
Lion d'Or de Venise en 91, "Urga" de Nikita Michalkow est un film bouleversant de justesse, d'intelligence et de poésie.
17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 21:27

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Je passe en voiture sur les quais.

Et j'espère que le feu passera au rouge.

Attendre.

Regarder cette beauté, la statue "Les trois grâces" de la place de la Bourse.

Une harmonie de la forme et...

... un rien de mélancolie dans le regard, qu'on ne sait pas d'abord, quelque chose qui ressemble à une absence au concret du monde, une séparation en soi, dedans et dehors, une abstraction de l'eau pour une ligne de flottaison  vague au centre de la pupille.

Un bonheur pour l'oeil !

Une grâce.

Une amnistie des tensions.

Parce que ce mot se tend et se détend. Un élastique de la langue friable.

 

Une grâce rendue, grâce à Dieu, qui nous fera grâce.

Qui apprendra le pardon.

La faute non commise qui sera pardonnée !!! Gracieusement, s'il vous plaît.

 

Ou bien,

la faute , faute ! faute ! non commise,

et quand même,

le coup de grâce,

qui achèvera la bête à terre.

 

La grâce mise sur les barreaux de combien d'échelles ?

De combien de ciels bas et si lourds ?

De combien de beautés dans mon azur, je voudrais ça pour moi,

s'il en reste un peu ? 

 

"Absoudre le poivre purulent" m'avait écrit Jacques au dos d'une carte, avant son suicide.

Et voilà que j'entendrai quelque chose à ces mots, une manière d'excuse de partir, de le devoir, pour se pardonner quoi ?

Se donner la mort et se gracier en même temps, serait-ce possible alors ?

 

Pour toi.

La mystique de la grâce

et tout ce que tu voudras, ami,

pour les beautés de la vie,

Keith Jarret qui coule sa musique,

un duduk d'Arménie si tu préfères,

une fontaine sur une place,

le vent dans tes cheveux qui broussaille

et rien d'autre.

Seulement l'essentiel qui vaille tes justes notes.

Un état de grâce qu'on sait.

Qui se promène de l'un à l'autre, entre nous.

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Dans les toiles de Botticelli, les Grâces accompagnent parfois Vénus. Une forme parfaite posée sur sa conque, la beauté personnifiée.

Les Grâces, elles, dansent leur ronde à trois et leur danse révèle autre chose que la beauté, plutôt l'idée d'un don (celui de soi, celui du monde, celui des âmes) qui circule entre l'oeuvre et moi qui la regarde. Et ce qui est donné,

c'est la grâce elle-même.

  

Se perdre alors dans les grâces du matin... Celles du soleil vers les deux heures où le champagne bulle rose sur la langue... Celles du soir qui vient dans une noisette de l'écureuil...

 Celles de la nuit, de mes pèlerinages de la nuit, belle, inquiète et pardonnable.