Les événements ont toujours sur moi une charge "en trop", une surcharge en quelque sorte, tant leurs juxtapositions m'apparaissent étranges et me semblent relever d'une imposture.
Pourquoi une image viendrait-elle s'inscrire dans une autre et en évacuer le sens par l'intrusion du sien ?
Les deux images ainsi mêlées, les deux sens ainsi bousculés et peut-être antagonistes, donneraient alors un autre dessin insensé, baroque...
L'une uni à l'autre sans pour autant y consentir, un mariage forcé on peut dire...
Ainsi vont, vont, vont tous les événements.
Ils se mélangent si vite !
et à tant vouloir les isoler, considérer l'un puis l'autre, puis l'autre ensuite, j'ai la sensation de passer un temps fou (fou, c'est le mot, pour moi-même fou et éreintant !)
à malaxer les choses,
à m'attarder infiniment,
à comparer,
à observer,
à ne rien comprendre de "ce vouloir absolument" tout secouer dans le panier à histoires, de ce brouillage des ondes qui allumerait alors toutes les ampoules, jouerait de toutes les fréquences pour un son inaudible et un monde sans mélodie.
Un monde sans mélodie ? Oui, un monde sans plus d'échos, sans rien qui puisse rebondir sur les oreilles de nos murs, sourdes de ce bruit infernal et trafiqué. Une sorte de fond sonore, tellement sonore, tellement vide !
Le hurlement du monde peut plus s'entendre dans ce vacarme...
Et moi, je veux en saisir la musique, retenir le chant du gitan dans la rue, à cheval sur sa guitare, des pierres plein la gorge.
Depuis longtemps, je me serre la tête à deux mains à tenter de dénouer le "maintenant" et "le tout à l'heure", vous voyez, afin de ne pas tout mettre en vrac dans mon sac, donner des reliefs, des hauteurs à ce qui paraît si petit, si peu "considérable" en regard de la profusion des géographies tout autour.
Il y a longtemps, je trouvais cette idée de juxtaposition tout à fait indécente, intolérable, hideuse.
Comment telle chose avait-elle pu avoir lieu en même temps que telle autre ?
Moi, moi dans tout cela, où étais-je ?
Quel espace était donc ainsi réservé à chaque être pour tenir dans ce chaos ?
La souffrance, ici, ne pouvait habiter à côté de la jouissance, là, juste là.
Rien n'allait avec rien.
Non, rien ne va avec rien. Jamais.
L'idée de juxtaposition des choses, de l'empilement des données serait alors une pensée vaine, tirée de mon irréalité interne ?
Non, pas tant que cela, non !