Voilà la contrainte du Défi n° 42 :
Le portrait de mon maître ou de ma maîtresse
"On dit souvent des animaux de compagnie
qu'il ne leur manque que la parole..."
Pour ce défi, laissons-les s'exprimer et dépeindre leur quotidien,
en dressant le portrait de leur maître ou maîtresse adoré(e).
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Je lis, je lis cette contrainte et je me dis que nous sommes tous des animaux parlants .
Donc je me sens en liberté de faire vivre des hommes et uniquement, considérant que nous sommes tous des êtres de compagnie, des autres et de soi-même.
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Je te pense depuis ce bord de mer. J'aurais pu dire je pense à toi, mais non, ça me laisserait plus à distance, plus loin de toi, dans ce temps qui ne te porte plus et que ma vie prolonge.
Je serai, je le sais, toujours en retard sur toi-même.
Je me regarde dans un miroir et j'essaie d'y deviner un éclat dans l'oeil, une ressemblance, un coin de la bouche qui nous serait identique, une filiation sous la peau. Je perçois une ombre et je ne sais pas dire si elle est en coïncidence.
Deux grains de beauté nous tiennent lieu de rencontre. Placés au chaud du coeur. Un relief de toi imprimé dans ma chair. Un choc qui me revient parfois, la nuit.
J'entends encore le muezzin par-dessus la baie d'Alger et mes bras sur le balcon dessinaient l'anse des tiens, il y a plus longtemps que cela, dans un temps où tu étais tout juste un plus vieux que moi.
"On a été jusqu'en bas de la page ", je baragouine. As-tu été, qui sait, emporté par une histoire d'amour, là-bas où tu as eu peur. Tu as sans doute eu peur, non ? Parce, toujours, les hommes ont eu peur. De l'eau, des grands voyages, des orages et de la peur-même, qui nous prendra sans qu'on la reconnaisse tout de suite.
Un blanc sur la page qui va jusqu'en bas,
jusqu' à la signature de qui on est.
Quand il est si difficile, mon père, de parler de soi-même !