Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 08:00

Voilà la contrainte du  Défi n° 42 :

Le portrait de mon maître ou de ma maîtresse  

 

"On dit souvent des animaux de compagnie

qu'il ne leur manque que la parole..."

Pour ce défi, laissons-les s'exprimer et dépeindre leur quotidien,

en dressant le portrait de leur maître ou maîtresse adoré(e).

                  x         x          x          x        x        x                                

Je lis, je lis  cette contrainte et je me dis que nous sommes tous des animaux parlants .

Donc je me sens en liberté de faire vivre des hommes et uniquement, considérant que nous sommes tous des êtres de compagnie, des autres et de soi-même.

                                              x      x       x        x         x        x       x

 

 

 Je te pense depuis ce bord de mer. J'aurais pu dire je pense à toi,  mais non, ça me laisserait plus à distance, plus loin de toi, dans ce temps qui ne te porte plus et que ma vie prolonge.

Je serai, je le sais, toujours en retard sur toi-même.

Je me regarde dans un miroir et j'essaie d'y deviner un éclat dans l'oeil, une ressemblance, un coin de la bouche qui nous serait identique, une filiation sous la peau. Je perçois une ombre et je ne sais pas dire si elle est en coïncidence.

Deux grains de beauté nous tiennent lieu de rencontre. Placés au chaud du coeur. Un relief de toi imprimé dans ma chair. Un choc qui me revient parfois, la nuit.

J'entends encore le muezzin par-dessus la baie d'Alger et mes bras sur le balcon dessinaient l'anse des tiens, il y a plus longtemps que cela, dans un temps où tu étais tout juste un plus vieux que moi.

"On a été jusqu'en bas de la page ", je baragouine. As-tu été, qui sait, emporté par une histoire d'amour, là-bas où tu as eu peur. Tu as sans doute eu peur, non ? Parce, toujours, les hommes ont eu peur. De l'eau, des grands voyages, des orages et  de la peur-même, qui nous prendra sans qu'on la reconnaisse tout de suite.

Un blanc sur la page qui va jusqu'en bas,

jusqu' à la signature de qui on est.

Quand il est si difficile, mon père, de parler de soi-même !


 

 

14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 15:26

pisani2

 

 

"Je suis attachée à mes divagations et aux sensations diverses qui les accompagnent. Je ne distingue pas où elles finissent et où, moi, je commence ; plus exactement, ces divigations, c'est moi, et les rejeter reviendrait à m'expulser de moi-même." Siri Hustvedt

Je reviens à la phrase de Duras : "Vous, vous ne commencez jamais" disait-elle, vous êtes une énigme, vous êtes la divagation même. Vous ne commencez jamais, donc vous ne finissez pas non plus.

Mais est-ce qu'il existe des frontières creusées à l'intérieur de soi ?

Tu en penses quoi, Giulio, à qui je dédie ce texte pour ton anniversaire ?

Pourrait-on se lire sur une seule page blanche ? Se dire en 7mn sur une vidéo ? Peut-être ne sommes-nous qu'une suite de fragments où nous nous reconnaissons parfois, quand les miroirs, même les miroirs, sont déformants.

Je mets un lien sur Giulio.

En savoir davantage sur cet être de mots, journaliste et écrivain luxembourgeois..

  http://fr.wikipedia.org/wiki/Giulio-Enrico_Pisani

13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 20:56

ANGELINA BELOFF 

 

                                                                                                          C'est un joli nom Quiela ! Il désignait Angelina Beloff, une jolie peintre, russe comme Diego Rivera était mexicain. 

Ils vécurent ensemble sept années à Paris. Certains disent dix ans. Sept ou dix, quelle importance après tout, ils s'aimèrent passionnément, accompagnés par leur création. Diego Rivera repartit au Mexique et sa Quiela devait le rejoindre quand elle pourrait se payer le voyage vers ce pays de lumière.

Elle parvient à venir au Mexique en 1932, treize années de misère après Diego.

Les lettres qu'elle lui écrivit restèrent toujours sans réponse.

Angelina Beloff ne chercha pas Diego Rivera. Elle ne voulait pas le déranger dans sa vie neuve (avec Frida Kalho peut-être.)

Mais l'effroi me prend tout d'un coup quand je lis cette phrase:

"Lorsqu'ils se rencontrèrent à un concert donné à Bellas Artes, Diego passa à côté d'elle, sans même la reconnaître".


Elena Poniatowska, écrivain mexicain, écrit là un livre de lettres imaginaires envoyées par Quiela à Diego. Un bijou. Depuis sa parution en 1978, il est l'un des livres les plus lus au Mexique. A découvrir comme il fut écrit : passionnément !


13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 17:56

 

egoisme-001.JPG

egoisme-001.JPG

Faut peut-être le décider un jour, essayer ça, le décrêter comme Labiche :

Un égoÏste est quelqu'un qui ne pense pas à moi.

C'est drôle, léger, désopilant.

On se dira que c'est vrai.

On en restera là des triturations de ses méninges.

On ne se prendra pas la tête. Pour une fois, on n'en aura pas envie.

egoisme-001.JPG

 

 

12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 18:51

Paraît que c'est la journée de la gentillesse aujourd'hui. Jour avec ou jour sans...Plutôt un jour sans moi. Où est-elle passée la "gentillesse" ? Dans quel trou du soir est-elle tombée ? Je ne la cherche même pas. Incherchable, la gentillesse. Elle est ou elle n'est pas. Elle est donnée dans un élan. Tout est dans l'élan du don,  en quelque sorte. Oui je sais,  on dira que ça fait aussi niais que "plaisir d'offrir, joie de recevoir", en tirette dans les foires. Tiens ! Je me souviens de cette bague qu'un galopin m'avait offerte, la mèche en épi et les yeux en capilotade : un bel anneau de métal rehaussé d'un coeur rouge vif. Une préciosité inouïe de mauvais goût et d'infinie tendresse, un coeur que je ne savais pas que "ça" pouvait battre pour moi.

Ce "jour gentillesse", Jour sans moi ! Un trou de souris me conviendrait.

Quand finalement rien ne tourne pas rond !

Et c'est toute une spirale qui crée un mouvement descendant dans les chaussettes, et on ne peut arrêter cette force de Coriolys.

Faudrait être un colosse. Je ne suis pas un colosse.

Un coup derrière les oreilles qui se prend dans un fourré, au coin d'un bois.

On prend un chemin tranquille, mais on n'a pas tenu compte des ornières, des ronces, qui s'accrochent, qui s'aggripent et écorchent.

Paraît que depuis hier 00h01, c'est la journée de le gentillesse !...

025-copie-2

Ca change quoi ? A quoi ? Change rien. Rien à rien. Juste à se dire qu'on l'a ratée, cette journée, qu'elle nous est passée à côté, sans nous voir.

Est-ce à ce point que je suis transparente ? Elle m'a pas vue, la mauvaise !

La journée de la gentillesse est une garce  ! Elle   se réunira pour un bilan, c'est certain. Elle en tirera des conclusions. Elle saura dire, comme c'est couru par avance, que les objectifs ont été atteints, que l'homme, grâce à elle, a accompli un grand pas en avant, que la réussite est totale, aussi bien sur le plan inter-professionnel que sur le relationnel, sur l'amoureux, le filial, le familial, le fraternel, le marital, le conjugal, le verbal, l'orthographique et j'en passe...

11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 15:46

 

"Duo sur tabourets" Anne Dupré et Claude Bourgeyx (extraits)

 8 novembre 2010.

L'Atelier i.d.109 reçoit Anne Dupré et Claude Bourgeyx pour une lecture autour des oeuvres (toiles et totems) de Claude Bourgeyx. Une complicité s'installe doucement entre les toiles sur la pierre des murs et les ombres penchées sur le public, tout suspendu aux mots et aux voix des lecteurs, perchés, eux, sur leur siège de tracteur.

10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 19:15

 

 

100_5093.jpg

...Et derrière tes yeux,

il y a des visions,

des mirages,

des rues où tu marches,

des géographies où avancer,

seule,

seule,

seule, hélas !

Ma soeur,

seule enfin ! 

Derrière tes yeux,

une désespérance 

à l'arraché de ce à quoi tu croyais, 

des beautés que tu voulais,

des mots qui étaient de ta langue. 

Ton souffle coupé, et ton regard, 

qui  surprendra,

qui surprendra encore celui du vent dans tes voiles à recoudre,

et qui tremblent.

Tu traînes après toi ce qu'on t'aura laissé,

une peine indicible, 

les mots n'y tiennent plus.

Tu retournes dans tes pas des images.

Tu as toujours pensé qu'on voudrait t'y suivre,

accompagner le chemin de ton sang.

Derrière tes yeux, une braise est entrée. 

Tu frissonnes d'en chasser la cendre...

 

8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 12:54

4126332622_7353039fd2.jpgUn grand événement éditorial de l'année : les prix littéraires.

Une tradition bien française.

Qui se discute sans cesse. Ce sont les écrivains ou les éditeurs qui reçoivent le prix ? Les deux ensemble ?      Qui donneraient une direction à la littérature aujourd'hui ?

Tout ça serait, paraît-il, arrangé par avance. Bon ! C'est bien possible, parce que c'est aussi une  affaire de marché, de finances, d'influences, etc..  Mais bidouillé ou non, les livres sont quand même à l'honneur. Alors à parler de ceux-là, on ira vers d'autres, et d'autres encore, et les mots voyageront toujours.  Sont pas morts ! 

Combien de fois a-t-on prédit la mort du livre, terrassé par la télévision, les nouvelles technologies, l'écran de l'ordinateur et j4126332622_7353039fd2.jpg'en passe...         

Non, ben non ! Le livre n'est pas mort, même pas moribond.

Son bilan de santé est des meilleurs, 

et je parie qu'il s'imposera de plus en plus comme une nécessité.

Je me souviens du "don des morts", le livre de Danièle Sallenave. Elle écrit que :

"Dans notre culture, vivre sans les livres est donc une privationn un tourment qu'on ne peut comparer à rien. Sans les livres, toute vie est une vie ordinaire. Ne pas avoir l'expérience de la littérature n'empêche ni de connaître, ni de savoir, ni même d'être "cultivé" : il manque seulement à la vie vécue d'être une vie examinée."

 

La lecture m'a aidée à vivre, bien sûr. Comme elle aide tout le monde, j'en suis sûre. Mon père a acheté des livres "pour sa retraite" disait-il. "C'est là que je lirai... " Combien de livres aura-t-il lu durant ce temps qu'il lui était donné de vivre encore ? Deux ? Trois ?

Il savait bien que la lecture était une richesse à côté de laquelle il était passé, et sans doute en sentait-il le manque. Non pas de la "culture", mais des livres. De ce qui aurait pu lui tenir compagnie et de ce manque dont il s'était finalement accommodé. Mais il en pressentait le mystère et la charge de ce don que nous font les morts pour nous aider à vivre, les morts et les vivants.4126332622_7353039fd2.jpg

Je crois, moi, que tous les inaccomplissements de vie, toutes les fermetures de la pensée ont à voir avec ce manque ; toutes les ouvertures de la pensée, les cheminements de toutes les expériences humaines, de toutes les douleurs ont à voir avec la proximité des livres.

Danièle Sallenave parle avec infiniment de tendresse triste de toutes ces personnes qu'elle connaît bien, parce qu'ils  l'ont entourée, et qui   qui n'ont jamais lu, ou ne l'ont pas voulu, ou en ont eu peur, et ont fait "avec ", comme ils ont toujours fait avec tout, et puis, parce que "c'était comme ça".. 

"Aller au plus profond encore ; pour les rencontrer enfin, se glisser au centre de la peur ; entre paume et ongles dans la légère sueur d'angoisse de leurs mains qui se sont involontairempent serrées au passage de la "petite voisine" toujours jaune et pâle. Leur propre monde ne leur fait pas peur, ils y sont habitués, mais ce qu'il y a autour, oui : cette chose-là, si proche et obscure et menaçante car     " qui sait de quoi demain sera fait ?" C'est pour la chasser que le sommeil leur vient ; qu'il est temps de rentrer et de fuir les autres à qui l'on a rien à dire en dehors du partage des prudences et des craintes, de quelques conseils inutiles, mêlés de resentiments diffus et d'envies déguisées." 

  "Ceux à qui les livres ont manqué, il leur manquera toujours la pensée, l'expérience élargie et la vie qui s'ouvre".

Alors les prix littéraires ? Peu importe, moi, ils me parlent de la présence des livres, indissociable de ma vie et de la nécessité, même ignorée, qu'ils sont pour chacun d'entre nous.

8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 00:39

On me parle, j'écoute, je suis attentive. Tout m'intéresse quand la personne qui parle m'intéresse. C'est une perception d'elle qu'elle me donne. Un regard. Le sien. Même si le sujet de la discussion est banal. C'est ce regard qui m'intéresse. On ne peut pas couper un regard.

L'écouter, c'est regarder où elle regarde. Voir son paysage. Le vouloir. Pas imposer le mien,  qui serait plus important, sans rapport à celui qui m'était offert d'entrevoir.

Ce n'est pas affaire de sujet, (d'objet d'une discussion), mais dumoi-et-bourgeyx-018.JPG sujet, (de la personne).

 Je m'interroge sur ce que veut dire" couper quelqu'un".

Quelqu'un me dit : "Quand ça ne m'intéresse pas, je coupe."

Mais c'est quoi ce "ça" ? C'est quoi qui n'intéresse pas ? C'est le sujet (de la discussion), ou le sujet (la personne) qui se trouve alors coupé ?

Les mots ne signifieraient plus rien, poussés par-dessus une rambarde, cloués sur le vide qui devient le sien, dans lequel alors on ne peut que tomber sans fin. Pas de filet de protection, pas de rattrapage.

Et si "ça ne m'intéresse pas" se traduisait en  "tu ne m'intéresses pas" ?

6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 21:07

Je me souviens de Jean Vasca, oui. Depuis longtemps je ne l'avais pas entendu. Mon amie Claire me le remet dans l'oreille. "La machine imprévisible".

Je l'ai rencontrée au hasard d'un salon du Livre. Et c'était bonheur de la voir aujourd'hui.

"C'est cet oiseau soudain sur ton épaule

Venu des lointains de l'être

Et qui tremble comme une fièvre

Cet oiseau qui te chante à l'oreille "Courage ! Il faut vivre, Il faut aimer !"

Etait-ce vivre tout cela ou bien rêver ?"

 

Claire a souligné cet italique.

Il faut vivre, il faut aimer.

Vivre comme un synonyme du verbe aimer.

On n'a pas besoin de se le dire.

On sait bien. Où  l'essentiel se niche.

"Et toujours ce fou à ma porte qui meurt de vivre sa folie".

 Je sais d'où vient ce disque que je tiens, je sais qui l'a tenu un jour, des jours.

Il pèse des tonnes d'amour, des larmes et un livre jaune y flamboie.

Je garde ce trésor,

une richesse sans mot pour ne rien déranger.

Juste garder.

Garder.

Et en entendre quelque chose.

 De Jean Vasca, j'avais ce disque "L'écarlate et  l'Outremer".