Marie Didier, bien sûr !
Je me souviens très bien de ce livre "Dans la nuit de Bicêtre".
"Dans la nuit de Bicêtre", Marie Didier en Folio
J'écris toujours sur la première page des livres. Sur celui-ci, j'ai écrit ça :
2 août 2007 Très beau livre nécessaire, pour rétablir l'image d'une vérité défigurée. Une écriture précise et poétique. La beauté et les grandes douleurs dorment ensemble dans ces pages... Voir le tableau de Tony Fleury, Pinel libérant les fous et sur Jean Baptiste Pussin, l'oublié.
Merci, mille mercis à toi, Claire, de me convier à reprendre en main ce livre extraordinaire. Que j'ai aimé passionnément. Et qui tombe à pic dans mes pensées ombrageuses. Qui tombe, tombe, tombe pour plusieurs raisons : Au nom de la folie des hommes, au nom de tous les miens, à l'Horizon, là-bas, au nom des histoires insensées et de l'insensé de l'histoire, au nom de la douleur et des chagrins et au nom de... ce qui bat, ce qui consume, et ce qui force !
Année1771.
Jean Baptiste Pussin a l'histoire (comme tout le monde, oui, une histoire comme tout le monde a la sienne !) d'un simple garçon tanneur franc-comtois, mais, entré malade à Bicêtre, par ses observations, ses notes, son intelligence, il jouera un rôle essentiel dans l'histoire de la psychiatrie.
Ou comment, par la création, l'invention ou plus souvent par l'engagement, la petite histoire des hommes rejoint la grande.
Philippe Pinel prend ses fonctions à Bicêtre le 11 septembre 1793;
" Tu es dans la cour en train de remettre un pantalon à un malade nu qui se promène paisiblement au milieu des autres insensés. Il ne se débat pas, te regarde hébété, sans peur, un léger sourire sur les lèvres, pareil à un nourrisson à qui on remettrait ses langes. Tes gestes lents, presque affectueux, ont quelque chose de maternel. Ton visage est souriant lorsque tu lui fais enfiler ses sabots. C'est la première image que Philippe Pinel a de toi : il vient de pénétrer dans la cour des fous de Bicêtre, encerclé par la cacophonie hurlante et débridée de cette foule des insensés qui jettent leur vie dans tous les sens."
"Tu as connu la maladie, tu es devenu soignant. Tu as prendre des chemins difficiles, de ceux que presque personne, en France, n'avait osé fréquenter."
C'est le nom de Pinel que l'histoire retiendra. Un tableau (visible sur le blog de Claire Massart, ici dans mes liens) de Tony Fleury, trône en haut de l'escalier du pavillon Charcot à la Salpêtrière, c'est Pinel qui libère les fous.
Mais de Pussin, il n'existe rien, pas de plaque ici ou là, une rue que sais-je...
Quelqu'un dit qu'il faut oublier les choses terribles qui se sont passées ici. Oublier.
Oublier ? Non !
Alors grâce soit rendue à Marie Didier de sortir de l'ombre cette juste réparation historique, les fondations de la psychiatrie où tout est toujours à faire. Nous savons bien comme la détresse des hommes est immense...
Au "Salon du Livre de Poche", la semaine prochaine à Gradignan, j'achèterai un autre Marie Didier, voilà !