"Rien ne devrait être dit. Dire c'est commencer à mentir."
C'est un vrai devoir de philo, ça. Faire comme si c'en était un. Etudier les termes et leurs agencements.
Dégager le vrai sujet, c'est-à-dire une problématique.
* * *
Rien ne devrait être dit, signifie que tout pourrait l'être.
Est-ce que tout peut l'être ?
Qu'est-ce que serait ce "Tout" qui pourrait être dit, et celui qui ne le pourrait plus ?
Mais qu'est-ce que "dire" ?
Enoncer une vérité ?
Et venue d'où, en regard de quoi ? La sienne, mise alors en perspective avec d'autres, prenant du même coup une valeur très subjective ?
Est-ce affirmer, affirmer ce que l'on avance, vouloir s'affirmer soi ?
Raconter, se raconter par extension ? Donc formuler une pensée, une volonté ?
Ou bien est-ce demander, par conséquent se demander à soi-même ?
Est-ce que dire revient aussi à se parler à soi-même ?
Dès lors, est-ce que se parler à soi-même par le truchement de la parole à l'autre est illégitime, si "rien ne devrait être dit" ? Si dire est le parangon du mensonge ?
Est-ce que dire est forcément organiser un mensonge ? Une altération de la vérité ? De quelle vérité et dès lors, à quoi, à qui ment-on ?
En conséquence, la problématique dégagée pourrait être celle-ci :
Est-ce que le questionnement inscrit dans la parole qui a lieu doit être considéré comme une chose vaine ?
C'est une vraie question pleine d'embûches.
J'ai débroussaillé un peu le terrain. Enfin je crois.
Vous avez quatre heures sur table. Evidemment, le "thèse, antithèse, synthèse" ne convient pas. Le consensuel c'est pas bon : un peu ci, un peu ça et j'te trouve je juste milieu.
Moi, j'ai quelques éléments, entre autre : Dire est une nécessité absolue.
Ecrire, c'est dire aussi, différemment.
Dire c'est se rejoindre. Se dire, Se rejoindre.
Les mots sont des déplacements intérieurs, des mouvements de l'âme et du coeur.
C'est pour cela qu'ils doivent être entendus,
pour ces mouvements,
pour l'âme,
et pour le coeur.