Il y a toujours un homme invisible... Ou une voix. Quelque chose comme.
On ne sait pas. On voit mal. Sûr qu'on se trompe souvent.
Mauvaise appréciation des distances, de la lumière, des idées et des sentiments. Des autres. De ceux qui ne nous aiment pas. Pas vraiment. Une ligne d'ondes qu'on ne reconnaît pas.
Alors on peut se regarder dans la glace. ...On n'est pas sûr de se reconnaître à chaque fois.
On essaie de suivre les conseils des autres. Mais ça ne colle pas, ils se contredisent, entre Non, mais regarde-toi un peu ! et Arrête de te regarder !, on ne sait pas comment faire.
L'homme invisible fait écran. Il guette. En nous, il guette.
On voit pas ce qu'il faut voir ? Peut-être ? L'essentiel ? Qui doit bien nous tenir tous, l'essentiel, quand on sait où il habite ?
Un numéro et le nom d'une rue sur un papier, on irait à vélo.
Ne pas regarder dans le rétroviseur. Avancer, écrire un message, téléphoner, n'importe quoi...Les mots dessineront une perspective tordue. Qu'importe !
- un caillou très lisse (deux petits creux noircis et un trait vague, semblant de bouche dans un visage moqueur ?)
- un brin de bruyère en fleurs et herbes retenus par un fil de raphia
- un coquillage
"- Un coquillage à une seule oreille !" tu as dit.
Et il était entendu, tacitement, entre nous, que la question de "l'autre oreille" était posée et resterait dans l'ombre des réponses possibles. On a fait comme le caillou, on a pris l'air moqueur, on s'en foutait bien. L'important était qu'il existe et qu'il soit là, dans l'enveloppe.
J'ai entendu cette chanson que j'aimais tant dans la voiture,
alors je n'ai pas résisté : j'ai filmé un "Tourne avec moi".
Talk To The Wind (Je Parle Au Vent)
Dit l'homme sympa à l'homme en retard Où as-tu été Je suis allé par ici et je suis allé par là Et je suis allé au milieu
Je parle au vent Mes mots s'envolent au loin Je parle au vent Le vent n'entend pas Le vent ne peut entendre
Je suis en dehors, regardant à l'interieur Que vois-je Beaucoup de confusion, de désillusion Autour de moi
Je ne t'appartiens pas Tu ne m'impressionnes pas Tu bouleverses juste mon esprit Tu ne peux m'instruire, ou me guider Tu épuises juste mon temps
I talk to the wind Je parle au vent My words are all carried away Mes mots s'envolent au loin I talk to the wind Je parle au vent The wind does not hear Le vent n'entend pas The wind cannot hear Le vent ne peut entendre
"Je préfèrerais pas", dit-il, à la façon de "Bartleby, le scribe" d'Herman Melville.
Les tensions et les formes, je veux dire. Notre ciel intérieur. On se laisse porter et on s'y baigne, dans le coton des nuages et dans celui de l'eau. A un moment, la frontière est si loin, si proche. On ne se demande plus rien. C'est juste bon. On ferme les yeux...
Et si nous n'étions que brisures ?
Du matin qui abandonne la nuit, des vagues fracassées, du corps qui trébuche sur une image d'oiseaux, du soleil derrière la dune épuisée ?
Brisures et recommencements... des vagues et des brisés...