D'une maison l'autre. Un lieu de soin, un hôpital psy serait mieux dire. On voit les murs : ceux de la bâtisse, et puis ceux élevés à l'intérieur, au- dedans de l'homme, aussi épais que sa souffrance.
L'homme, une présence invisible sous chaque mot. Le narrateur lui parle. Tout le temps. Sa parole ininterrompue tricote les noeuds de la rage et ce qui dedans tremble d'apparaître.
Le souffle ne doit pas manquer, le souffle ne manquera pas, le souffle ne lâchera rien.
Alors l'écriture, acharnée, par blocs de textes denses, voudra tenir la bride haute à la vie pour qu'elle ne tombe pas comme un cheval à la renverse.
Prends ma respiration, je la donne à ta blessure !
Fasse alors que l'entrechoc des mots entre eux soit autant matière molle, -molle peut-être !- et têtue, que rempart au tanin de l'angoisse !
Cédric Bernard a écrit là un texte qui m'a profondément touchée. Saurons-nous jamais assez qu'un "accident de la vie" (ainsi nomme-t-on parfois très gentillement une déchirure de l'âme) est si vite arrivé !
La bascule des chevaux par Cédric Bernard
édité par Walter Ruhlmann, avec une introduction de Patrice Maltaverne
illustration de couverture de Gilbert Pinna
publié par mgv2>publishing
Cédric Bernard écrit aussi depuis longtemps dans l'espace de son blog
http://lesmotsdesmarees.blogspot.fr/
ainsi que dans des revues FPDV, Vents alizés, Des tas de mots, et Traction Brabant et a fait paraître en autoédition trois livrets : C'est le matin que l'on grandit (2013), Le cas Leleu et A propos de celui qui réussit à rater correctement (2014). A noter pour le dernier, la fabuleuse contribution de Sophie Brassart.