C'est moche. On s'indigne quand c'est moche. Contre la violence, d'où qu'elle vienne. La petite sortie du bus et les moyens utilisés pour la sale besogne... Mais quoi ? Au-delà de "la façon", il y a cette réalité qui donne froid : l'expulsion brutale qui dit "de toi, on ne veut pas !" Expulser dans la douceur ? Il n'y a pas de douceur dans le rejet. Le respect de la loi est une affaire d'hommes de main à tout faire, même le pire. On l'a toujours su.
J'ai gardé ce texte, traduit de l'albanais et écrit par Valdet, au Centre D'accueil des Demandeurs D'asile. Quand je relis son texte, je revois cette femme magnifique, digne et apeurée. Elle écrit pour ses enfants.
"Ma malédiction
Je te maudis avec mon esprit et mon coeur
toi, celui qui ne m'as pas laissée tranquille,
celui qui m'a détestée,
et toi, celui qui as fait obstacle à ma vie.
S'il y a des médecins ici,
qu'ils précisent mon mal,
qu'ils me soignent,
qu'ils m'arrachent mon angoisse.
Pour que je sois heureuse seulement une fois dans ma vie.
S'il vous plait, laissez-moi tranquille !
Laissez-moi en paix !
Pour que je puisse vivre ma vie.
J'aime mieux la vérité, seulement la vérité.
Et si je meurs.... La vie est comme ça quand même...
Je ne peux pas la changer.
Je fais un pacte avec l'avenir pour supporter ma douleur.
Vous comprendrez plus tard cette vérité
que les conquérants s'accaparent tout du monde.
Sur le chemin de la vie, Albion, Léon ! Vous, je vous attends.
Là, vous me trouverez,
même si je me meurs."