Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 22:32

Les événements ont toujours sur moi une charge "en trop", une surcharge en quelque sorte, tant  leurs juxtapositions m'apparaissent étranges et me semblent relever d'une imposture.

Pourquoi une image viendrait-elle s'inscrire dans une autre et en évacuer le sens par l'intrusion du sien ?
Les deux images ainsi mêlées, les deux sens ainsi bousculés et peut-être antagonistes, donneraient alors un autre dessin insensé, baroque...
L'une uni à l'autre sans pour autant y consentir, un mariage forcé on peut dire...

Ainsi vont, vont, vont tous les événements.
Ils se mélangent si vite !
et à tant vouloir les isoler, considérer l'un puis l'autre, puis l'autre ensuite, j'ai la sensation de passer un temps fou (fou, c'est le mot, pour moi-même fou et éreintant !)
à malaxer les choses,
à m'attarder infiniment,
à comparer,
à observer,
à ne rien comprendre de "ce vouloir absolument" tout secouer dans le panier à histoires, de ce brouillage des ondes qui allumerait alors toutes les ampoules, jouerait de toutes les fréquences pour un son inaudible et un monde sans mélodie.

Un monde sans mélodie ? Oui, un monde sans plus d'échos, sans rien qui puisse rebondir sur les oreilles de nos murs, sourdes de ce bruit infernal et trafiqué. Une sorte de fond sonore, tellement sonore, tellement vide !
Le hurlement du monde peut plus s'entendre dans ce vacarme...

Et moi, je veux en saisir la musique, retenir le chant du gitan dans la rue, à cheval sur sa guitare, des pierres plein la gorge.

Depuis longtemps, je me serre la tête à deux mains à tenter de dénouer le "maintenant" et "le tout à l'heure", vous voyez, afin de ne pas tout mettre en vrac dans mon sac, donner des reliefs, des hauteurs à ce qui paraît si petit, si peu "considérable" en regard de la profusion des géographies tout autour.

Il y a longtemps, je trouvais cette idée de juxtaposition tout à fait indécente, intolérable, hideuse.
Comment telle chose avait-elle pu avoir lieu en même temps que telle autre ?
Moi, moi dans tout cela, où étais-je ?
Quel espace était donc ainsi réservé à chaque être pour tenir dans ce chaos ?
La souffrance, ici, ne pouvait habiter à côté de la jouissance, là, juste là.
Rien n'allait avec rien.

Non, rien ne va avec rien. Jamais.

L'idée de juxtaposition des choses, de l'empilement des données serait alors une pensée vaine, tirée de mon irréalité interne ?
Non,  pas tant que cela, non !

commentaires

A
<br /> that is the question ... doit-on "englober" ? je pense qu'il faut en effet faire le tri, et s'obliger à faire l'impasse sur l'inutile.<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Sans doute, oui, pour éviter quelques encombrements.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est sûr qu'il faut avoir un sacré esprit de synthèse pour pouvoir "englober" ce chaos.<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Mais le peut-on, dans tout ce fouillis ? Cela signifierait alors que tout égale tout.<br /> <br /> <br />
M
<br /> Comment se peut-il que des amants s'aiment en temps de guerre ?<br /> Où se cache le papillon quand il pleut ?<br /> Tout est question, rien n'est réponse ... et nous vivons faisant la part des choses du mieux que nous pouvons ...<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Obligés, tous, à se débrouiller avec la donne. A chacun son mode d'emploi de la vie.<br /> Bonne journée à toi.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> tu as écrit "vertigineux", c'est aussi ce que je ressens devant cette profusion, devant ce mélange des genres souvent incohérent. Et j'ai de plus en plus de mal à prendre du recul. Et je me dis<br /> qu'il en est ainsi pour tous les citoyens du monde. J'ai peur de ces vents de folie qui font tourner les têtes jusqu'à la schizophrénie.<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> A soi de trier pour ne pas devenir trop fou, ou s'inventer de bonnes folies.<br /> Marci de votr passage et de votre com.<br /> <br /> <br />
H
<br /> Finalement, très philosophiques vos textes littéraires, Brigitte. Beaucoup plus profonds que l'harmonie des phrases le laisse d'abord penser....<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Des petits questionnements infimes et infinis dont on ne fera jamais le tour et qu'on triture et malaxe les axes et les débordements, yes Horatio !<br /> <br /> <br />
G
<br /> Causalité<br /> <br /> Chaque seconde, avant de s’enfuir<br /> – s’enfuir c’est mourir un peu,<br /> et après moi le déluge ! –<br /> engendre l’infinité.<br /> <br /> Chaque seconde engrossée de passé<br /> – Avoir été c’est avoir causé –<br /> toutes les tornades<br /> nolens volens.<br /> <br /> Tout papillon défend sa propre cause,<br /> mais ignore la plupart des causes et<br /> n’a cure des effets<br /> de sa parturition<br /> permanente.<br /> <br /> Tout évènement<br /> est sa propre singularité<br /> aucun évènement<br /> n’est isolé.<br /> <br /> Tout ce que tu peux,<br /> tout ce que je pourrais ,<br /> tout ce que nous pourrions faire,<br /> toutes les intentions d’Obama<br /> sont peu de chose auprès de l’infinité<br /> des causes qui causent<br /> les effets, les situations,<br /> l’infinité des évènements,<br /> qui se succèdent,<br /> interagissent,<br /> se télescopent<br /> et causent<br /> d’autres effets<br /> et d’autres causes<br /> à leur tour.<br /> <br /> Le chaos n'est qu'apparence<br /> tout se tient... inéluctablement<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Tou se tient, se détient... On peut peut-être revisiter l'histoire après et lui donner sens, mais sur l'instant, c'est une fragilité infinie qui se montre et rebondit.<br /> Merci de ton passage et de ce texte.<br /> A bientôt<br /> <br /> <br />
D
<br /> Ce n'est plus de la juxtaposition mais de la fusion. La fusion du trop. Jean-Claude Guillebaud évoque régulièrement cette menace du trop à propos de l'information. Et le peu dans tout ça ? Et le<br /> silence dans tout ça ? C'est dans le peu et dans le silence qu'une pensée peut se forger et se partager.<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Oui, je comprends bien ce que tu veux dire, mais il y a cette juxtaposition des choses quand même, ce qui est concomittant, tous les événements qui se passent à la même heure, à la même seconde<br /> tandis que chacun est dans une autre conscience... Cela, je le trouve "inquiétant" et vertigineux....<br /> <br /> <br />
C
<br /> Dites Brigitte, vous posez là des questions essentielles, éternelles, graves.<br /> Sans doute une esquisse de réponse chez l'énorme Rimbaud, quand il parle de "noter l'inexprimable", de "fixer des vertiges"...<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> Oui, oui, oui, voilà, c'est ça !  Rimbaud, qu'elle est bonne et me plait la référence !<br /> Je plaisante. Mais en tout, "fixer des vertiges", forcément ça me parle. Et c'est beau, et bon en bouche ces mots-là.<br /> Bonne soirée à toi, Christophe.<br /> <br /> <br />
D
<br /> D'un château l'autre ? Tu nous dis quoi là, Brigitte ? Que l'on va d'une réalité à l'autre ? L'une où l'on souffre, l'autre où l'on se souffre pas ? Tout ça dans le même temps parfois ! Il faudrait<br /> culpabiliser ? Ce n'est pas normal de jouir quand il faudrait avoir mal ?<br /> <br /> Rien ne tient avec rien.<br /> <br /> Faut se démerder avec ça.<br /> <br /> Personne ne te dira merci d'avoir souffert tu sais.<br /> <br /> Tu sais ça ?<br /> <br /> oui, tu le sais.<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Je dépasse ma petite personne aussi. Les événements du monde et dans le monde sont tumultueux. On en est, on s'absente. On le lit. On revient sur la page et les lignes et il y a du<br /> terrible à "faire avec". Bien obligé mais quand même...<br /> <br /> <br /> <br />