On entre dans Battre le corps sur la pointe des pieds. On le sait tout de suite : les mots ont leurs effrois, leurs déchirements, des peurs. On saura aussi leurs bienveillances extrêmes, dans une nacre très fragile. Le corps diaphane devient terre de lecture.
Dominique Boudou regarde, écoute, éprouve, questionne la langue pour y dénicher les paroles suffoquées qui diraient peut-être le mystère de ton corps pour apprivoiser la peau du lait.
Il écrit la chair de l'amour avec les yeux qui rongent.
On reste alors, dans le recueil, sur un seuil de tension, entre la présence bruyante du pain, de l'oiseau, de la peau, de l'amour, et le vertige de sa disparition, entre ce qui peut s'envisager de dire et l'impossibilité de toute justesse.
La suffocation, seulement la suffocation dépliée comme un drap. Dominique Boudou n'en finit pas d'y enfouir ses mains. Pour retenir la vie
Dans l'ignorance du chemin
Sur ta peau
Tes os
Tes mots
Etayer les parenthèses
Où ton rire va encore
Se prendre à d'autres rires
Quand ta mémoire saigne moins sur la neige
Devenir le forçat de ta survie
Il y a des beautés, des grâces, nichées tout au fond de la peur. Il y a une écriture pour dire le scandale d'un dénuement apeuré. Les mots pauvres (comme d'autres poèmes qu'il nomme ainsi) s'impriment au trébuchet de la vie, fragile on sait bien. Un battement d'aile ferait s'envoler des nuées de papillons.