J'écoute France Culture dans la voiture.
Les infos et les émissions diverses ne sont pas avariées. Elles interrogent le monde, si vaste, si complexe, si tourmenté, avec intelligence.
- C'est quoi interroger le monde, hein ?
- C'est peut-être un regard. Se trouver à un carrefour, dans une grande ville, tu vois. Ce serait dans une grande ville.
La voiture avance, de plus en plus lentement et s'arrête.
Elle ne cale pas. Non, elle s'arrête seulement, le moteur au ralenti, tournant sur son axe, une langue dans la bouche, c'est pareil, tu sais.
Ton regard est alors un observateur de l'espace, un scrutateur du temps, un chercheur d'ombres, l'ombre de l'ombre dans les interlignages des routes en croix, pour que surgissent les questionnements, les hypothèses, les choix possibles, quelques pistes de réponse.
La voiture dérapera sur le sable blanc des trottoirs, s'inventant des dunes d'escalades improbables, prendra ses roues dans les glissières de sécurité, coulera ses tonneaux, des coulis de vagues et d'écume à la verticale des essuie-glaces, les vitres ébréchées.
Alors... s'immobiliser dans sa ferraille.
Puis, être sûre de cela, France Culture dans la voiture, personnifier les choses et chosifier les personnes ne tiendra jamais la route...