23 mars 2010
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Regarde !
Sous la ville, une terre aveugle, un chemin nu, des pierres.
Tu marches dans les rues, sous les néons blancs.
Mouvements de tes jambes, de tes bras.
Une ronde, un geste comme une marée, une lumière, du silence.
Tu ne vois même pas l'horizon. Tu l'imagines peut-être.
Ici, c'est tout ce que tu peux faire.
Tu fermes les yeux.
Tu fais le vide.
Tu maisses venir les images,
se former les mots,
s'ouvrir le livre.
Tu marches comme un homme ivre.
La terre, ici, a une peau moite, blanche et poudrée.
Du sable.
Tu fais attention à ne pas tomber.
L'immensité te porte, on croirait.
Parfois, de justesse, tu te raccroches à rien.
Lieu d'absence.
Tu ouvres la bouche et tu aspires l'humidité du ciel, de la terre ? Tu ne sais plus.
Tu dis qu'on croirait le désert.
A cause du vent et des herbes qui bougent.
De l'immobilité de la pierre,
et de son silence.
Tu sais pourtant que ce n'est pas vrai.
L'eau, ici, s'accouple au ciel, il n'y a pas de frontière, seulement des lignes qui se déplacent et qui flottent :
un voile noué de vapeurs et d'écume.
Tu ne sais pas ce qu'il y a derrière le livre.
Une empreinte de ta vie.
Une trace de toi-même.
Une manière d'écriture.
Tu marches
comme si tu alignais des mots
à la surface du monde.
Tous les jours tu te dis que tu écris un livre
invisible
dans l' éternité fragile
de la pierre qui s'effrite...