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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 15:08

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Je lis et relis le superbe discours de Camus de réception du prix Nobel.
Je me sens toute petite. Dans mes fibres, et mes désespérances, Camus a raison, je le sais. Rien de souffrance humaine ne pourra jamais glisser sur moi. Passer sur un chemin sera toujours apprendre des autres et de moi-même, prendre en moi les cailloux de ce chemin pour en élever, peut-être, une beauté.

"L'art est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes leur offrant une image privilégiée des souffrances t des joies communes. Il soumet l'artiste à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent apprend bien vite qu'il ne nourrira son art, et sa différence, qu'en avouant sa ressemblance avec tous. L'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher. C'est pourquoi les vrais artistes ne meprisent rien ; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le mot de Nietzsche, ne règnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel.Son rôle, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'Histoire : il est au service de ceux qui la subissent."

commentaires

M
<br /> Cela fait du bien de trouver ici ce beau passage de Camus mon attention s'arrête sur la dernière phrase et j'ai alors relu la conférence Nobel de LE CLEZIO en 2008.Yl cite Dagerman:"Comment est-il<br /> possible par exemple de se comporter, d'un côté comme si rien au monde n'avait plus d'importance que la littérature, alors que de l'autre il est impossible de ne pas voir alentour que les gens<br /> luttent contre la faim et sont oblgés de considérer que le plus important pour eux, c'est ce qu'ils gagnent à la fin du mois? ( l'ècrivain) bute sur un nouveau paradoxe:lui qui ne voulait écrire<br /> que pour ceux qui ont faim découvre que seuls ceux qui ont assez à manger ont loisir de s'apercevoir de son existence."( l'écrivain et la conscience) ainsi dans cette forêt des paradoxes LE<br /> CLEZIO<br /> va rendre hommage à tous ceux qui lui ont donné les plus grandes émotions littéraires et notamment une vieille conteuse amérindienne il nomme aussi le Haitien René Depeste...cette phrase de<br /> DAGERMAN touche à la plus grande des vérités sur le paradoxe fondamental de l'écrivain de ne pouvoir s' adresserà ceux qui ont faim- de nourriture et de savoir.Pardonnez- moi si j'ai été un peu<br /> longue mais j' avais envie de partager cela avec vous , demain je donnerai aussi à mes étudiants éducateurs en formation des extraits de ces deux conférences.Quelque chose de si essentiel est dit<br /> là.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Toutes ces références me parlent. Stig Dagerman ("Notre besoin de consolation est impossible à rassasier") j'en ai parlé ici déjà, il n'y a pas si longtemps.<br /> Oui, le paradoxe est partout et en tout lieu. On voudrait souvent simplifier mais on perdrait ce de qui constitue l'humain sans doute et la complexité du monde. <br /> Merci de votre commentaire.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Le répéter encore une fois : Nietzsche pratiquait la thèse et l'antithèse, c'est si peu compris qu'il est devenu, notre pauvre ami, une véritable auberge espagnole !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Chacun n'a qu'à faire des efforts, aussi ! L'auberge espagnole, ben oui... La parole "impertinente" est à tous les étages et dans tous les rayons.<br /> <br /> <br />
D
<br /> " C'est la naissance qui ouvre l'accès du monde supérieur ; pour le dire en termes plus précis, il faut y avoir été préparé par une longue sélection ; nul n'a le droit d'accéder à la philosophie,<br /> au sens large du mot, qu'en vertu de ses origines ; même ici, ce sont les ancêtres, le "lignage" qui décident."<br /> Nietzsche in Par-delà le bien et le mal<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci du passage, savais bien que tu le retrouverais.<br /> <br /> <br />
M
<br /> je ne vois pas Nietzsche comme cela, il tente à éveiller le meilleur en nous pour se faire un surhomme, chacun peut s'y essayer sans hiérarchie, et "qui atteint son idéal, par la même le dépasse"<br /> ... et l'homme devient son propre créateur<br /> Camus nous dit de ne laisser personne au-bas de la montagne ...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Un surhomme, je ne sais pas, mais trouver chacun en soi "sa" liberté d'humain.<br /> Bonne soirée à toi.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Oui, Nietzsche était pour l'ordre des lignages.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce que tu veux dire au juste... Tu me retrouveras le passage alors, si tu le retrouves. Faut-il être philosophe au fond du sang pour l'être vraiment ?<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> belle idée que cet extrait qui remet l'artiste dans son juste rôle. Même si c'est un travail de Sisyphe ! quant à Nietsche, hors contexte, on peut lui faire dire n'importe quoi. car même du point<br /> de vue du sujet de Camus, il a plutôt été à l'opposé serviteur ceux qui font la loi, en dépit de sa réputation usurpée qui fascine toujours de sjeunes gens en quête de rébellion. Par contre Camus a<br /> toujours été clair dans ses idées et ses sentiments et je me suis toujours sentie en accord avec elles.<br /> merci donc de cet article.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci Jeanne. L'un comme l'autre ont eu à souffrir d'incompréhension de leur pensée.<br /> Camus a certes été plus clair et transparent dans ses propos, n'empêche, sa pensée a bien souvent été appauvrie.<br /> Bonne soirée à vous.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Oui, mais Nietzsche met le créateur au-dessus de tout et de tous, méprisant la quasi totalité des autres hommes...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> La méprisait-il tant ? Je ne crois pas. Il savait en revanche qu'il voyait plus haut.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Lire : "...tâcher de le faire servir." (L'orgueil.)<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Yes<br /> <br /> <br />
H
<br /> Deux extraits camusiens de "L'Envers et l'endroit" : "Pour corriger une indifférence naturelle, je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil" ; "[...] jusqu'au moment où j'ai compris qu'il<br /> y avait une fatalité des natures. Il valait mieux alors accepter son propre orgueil et tâcher de la faire servir plutôt que de se donner, comme dit Chamfort, des principes plus forts que son<br /> caractère."<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Oui, Camus sait voir, observer et lire le monde.<br /> Merci de ces passages.<br /> <br /> <br />