Il a quelque temps déjà, Robert Misrahi m'avait écrit ceci dans une de ses lettres, et ce passage n'a cessé de me hanter, et ces deux phrases surtout auxquelles je ne peux que souscrire :
"l’incertitude créatrice et prémonitoire est en réalité préférable au vide qui s’habitue..Il y a des baumes pour les blessures. .. "
Voilà ce fragment dans son entier :
"On se demande si notre présent, notre accoutumance, notre familiarité avec la grisaille ne sont pas préférables à l’angoisse de l’incertitude et au risque du grand vent qui préparent l’entrée dans l’être. Mais je suis persuadé que l’incertitude créatrice et prémonitoire est en réalité préférable au vide qui s’habitue. Ce risque de construire est déjà autre chose, mouvement qui mérite de se réjouir de soi et d’attendre des renaissances.
Oui, c’est une longue histoire qui commence. En un sens on pourrait croire qu’elle ne fait que recommencer et répéter. Il n’en est rien. En fait, elle commence vraiment. Tout est nouveau. Le vent et le regard, le fleuve et l’horizon. Tout être, toute vie, tout moment sont uniques et peuvent se renouveler en se recréant. Il y a des baumes pour les blessures. Ensuite, il faut bien dormir et bien se réveiller. Et bien serrer le manteau qui tiendra au corps."