C'est une question de territoires ?
de lignes brisées ?
Non, de frontières floues.
Le malentendu ou la frontière molle...
Des billes d'humeurs élastiques ou un fil barbelé en couronne sur l'émail des dents, (et ça grince et ça crisse) qui se barrent en longues bandes noires, un chewing-gum réglisse dans la bouche.
Je ne parle pas de politique migratoire, on sait bien que celle-ci ne tolère rien et qu'elle agit selon des règles fixes et son intransigeance.
J'invente ici la frontière floue du malentendu,
ce qui se noue dans l'air, en l'air, l'air de rien,
dans le malaise, le mal dû, peut-être ?
dans ce qui n'a pas lieu d'être mais qui est,
dans la porosité des mots aux naïvetés blettes,
dans l' idiotie crasse de ce qu'on ne prévoit pas...
Dans "L'éducation sentimentale", Flaubert écrit ceci, qui a inspiré ce billet et ce concept que je crée, ici, devant vous, et tout de suite et que je développerai plus tard, la frontière floue des malentendus :
"T'es une idiote, oui, avec tes manières d'amour de la terre entière et tes mines de crayon à cahier dans la terre, qu'une insolente à gifler à la règle, qu'une mignonne à étoiler d'un lys chauffé à blanc sur le sein et au fer, t'es qu'une idiote, ma fille, à croire que la vie est un exercice de style à la plume, quand elle est sa propre tache sur le buvard gonflé des malentendus et des amours mortels.
Elle avait l'air idiote en effet, ce livre à la main, dans lequel elle lisait d'autres mots que ceux qui noircissaient la page, voyait des dessins qui ne s'y trouvaient pas ; des images heureuses qui n'illustraient rien, sinon son désarroi et un coeur aveuglé, un homme dans son dos, croyait-elle, qui disait "J'en sais rien" quand il en savait bien quelque chose de l'histoire, c'était pas possible autrement."
Mon histoire de concept est bien sûr une boutade. Cela peut paraître bien prétentieux de ma part à ceux qui ne me connaissent pas, ou mal. C'est un jeu, pas dupe de lui-même. Ni plus, ni moins.