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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 17:27


Je voulais inspirer la métaphore, moi, m'élever dans les hauteurs humaines, non par excès d'orgueil, mais dans une sorte de souveraineté personnelle, une grandeur intérieure qui ne demandait rien à personne, une exigence de moi-même.
Etait-ce présomptueux de ma part ? Non. Non !
Un engagement entre moi et moi, vous voyez.
Bien que la formulation démente sans doute l' intention, vouloir inspirer la métaphore ne me paraissait ni prétentieux, ni outrecuidant, en regard de la perfection que je me réclamais d'effleurer à défaut d'atteindre, et de cette méfiance que j'ai continûment de moi-même.
A dire vrai, je trouvais même ça joli, ce "vouloir inspirer la métaphore". J'en étais assez curieuse, de cette inspiration-là.

Puis voilà que cette singularité arrive, bouscule la donne et les repères vacillent sur leur socle.
Je m'interroge.
Je me regarde, les yeux  au-dedans de mon crâne. La conscience tenue, oui. Conscience tenue.

Dictionnaire Le Petit Larousse, page 648 :
Métaphore : n.f. RHET. Procédé par lequel on transporte la signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une analogie, d'une comparaison sous-entendue (ex : la fleur de l'âge, la lumière de l'esprit, brûler de désir, ficelle au sens de "pain", etc...)
Métaphore morte : métaphore lexicalisée, dont la qualité figurative et poétique n'est plus ressentie.
Métaphore filée : métaphore longuement développée par une suite d'associations métonymique
.

La "métaphore morte", je l'ignorais jusqu'à tout de suite. Je l'ignorais, vous dis-je.
Mes déploiements d'exigence étaient-ils donc vains ?
Manqueraient plus qu'elles meurent, les métaphores, qu'elles s'y mettent, elles aussi, à fleurter avec quoi ? 
des racines de pissenlits ?
Pas assez grandioses, ces pauvres herbes qui verront jamais les lumignons de la langue, ces lampes fabuleuses, les rampes de la scène et les étoiles au firmament.

commentaires

M
<br /> elles ne meurent pas, elles s'endorment en rêvant du baiser d'un lecteur charmant qui leur ferait refaire surface ...<br /> Mais rien n'empêche d'en créer de nouvelles ...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Une métaphore morte contre une métaphore vivante,  une résurrection et une naissance ! Yes ! <br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> C'est triste, mais ne faut-il pas faire de la place aux nouveautés? Alors, les métaphores, on les tue? Triste; au moins les mots, on se contente de les déclarer désuets, on les éjecte du Petit<br /> Larousse... faute de place. Mais, cette gouvernance là, la dictature du rationnel et de la mode, on n'est pas obligé de l'accepter. Alors, je serais bien d'accord avec Dominique, pour que les<br /> métaphores soient dispensées de mourir, ainsi que les chansons des poètes disparus.<br /> Note quand même qu'elles n'ont plus le droit de fleurter avec les pisse-en-lits. C'est archi-désuet (presque mort), tout comme fleureter (conter fleurette). Aujourd'hui on flirte.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Ah serais-je désuète moi-même ?<br /> Finalement peu importe, n'est-ce pas Giulio<br /> <br /> <br />
G
<br /> Ben, je connais rien à rien, mais pour moi chez toi la métaphore est bien là, au fil des mots images mélodies...<br /> Et tes écrits sont bien loins d'êstres mort, ou galvaudés ...<br /> Un p'tit coup d'blues???<br /> Bonne journée à toi!<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Tout va bien Galoune, de rive en rive.<br /> Très bonne journée à toi.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Superbe inspiration, Brigitte, moi qui aime tant prendre les mots au mot !<br /> S'élever par la métaphore, atteindre la perfection, c'est atteindre une forme d'universalité dans le signifiant, le fantasme de tout écrivain, écrivant ...<br /> Qui décide de la "mortifération" d'une métaphore ?<br /> Le lecteur isolé, un ensemble de lecteurs, tout cela dans une relativité plus qu'évidente ?<br /> Ainsi en va-t-il aussi des métaphores comme du reste du monde : en proie au vieillissement, au passage de mode, à une forme d'exil. Peut-être un jour retrouveront-elles la surface de l'eau, là où<br /> la lumière peut de nouveau les faire briller.<br /> Inutile de te dire que j'aime beaucoup ce texte, bonne journée, Brigitte et navigue bien entre les métaphores qui t'aiment !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Beau commentaire comme toujours, Saravati. Je suis comblée par toi.<br /> Belle journée au soleil qui te fait de l'oeil.<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> resucée peut-être trop roulée sous la langue, devrait prendre des vacances et se faire plus rare, se faire désirer<br /> <br /> <br />
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B
<br /> A redécouvrir peut-être, vieillaissante, mais parlante quand même et touchante, encore et plus, par son petit air désuet...<br /> Manquerait plus que ça, qu'elles s'y mettent aussi à mourir, les métaphores !<br /> <br /> Bonne journée à toi.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Les métaphores mortes n'existent pas. Il n'y a que de gens morts. Mais oui, il y a des métaphores datées, par exemple Charles d'Orléans : "le manteau de l'hiver" en parlant de la neige. Tant<br /> reprise par les poètes du dimanche on pourrait la croire morte, alors qu'elle est seulement élimée d'avoir trop servi.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Tu as raison, dom, manquerait plus que ça que les métaphores meurent, qu'elles se mettent aussi à cotoyer la dame en noir (métaphore morte, ça ?) !<br /> <br /> <br />
H
<br /> Terrible ça. Voilà que je suis en train de me demander si je ne suis pas devenu une métaphore morte. Ben mince, alors !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Pas vrai que les métaphores meurent, manquerait plus que ça qu'elles s'y mettent aussi !<br /> <br /> <br />