Finalement, la poésie triomphe toujours en s'échappant de soi.
Dans le silence, dans l'attente, dans la solitude... se terrent d'inquiètes vacuités. Mais les mots ont parfois des perspicacités d'un cristal qui songe.
Un moment posé pour l' ajustement de leur horloge, l'ajustement du regard, celui du pinceau sur la toile, du burin sur la pierre, de la main dans la glaise...
Triturer la matière et modeler ce qui est possible, là, à ce moment-là, qui ne se renouvèle jamais à l'identique.
Ecouter le son du dedans de cette matière, un piano mécanique peut-être, puis ce qui résonne de soi vers l'en-dehors.
De la matière, une autre matière tirée de soi.
Des veines et des yeux qui, comme une peau, pâliraient.
Des sensations,
une émotion,
une petite écluse entrebaillée où goutte à goutte une fraîcheur d'agrumes et de fleurs de vigne.
Pour une poétique de ce qu'on aperçoit soudain.