Etre dans l'inconnu à venir est une chose singulière. (J'ai failli mettre un "e" à l'inconnu, mais non, Corinne n'est pas une inconnue, ou bien n'est plus celle éloignée de moi).
Chose singulière, oui, parce qu'elle nourrit son propre trouble.
Et ce trouble devient une inquiétude. Je fais des petits pas, des petits riens qui agissent en moi, des questions qui sautent en chaussons de danseuse, des réponses en arabesques...
- Et si je n'étais pas à la hauteur ?
- Mais à la hauteur de quoi ?
- Eh bien de ce qui élabore mon fantasme, qui me dit, tout bas, que ce moment sera marqué dans le marbre de nos vies et que la calligraphie doit être toute dorure, toute pureté de la dorure. Que l'erreur est impensable et que ma pensée de l'erreur possible est déjà une erreur peut-être.
- Oui, mais l'inquiétude ? Qu'en fait-on ? On l'efface, on la gomme, on ne la considère pas ?
- Si, puisque c'est d'elle que naît la magie. C'est comme la chrysalide du papillon. On ne sait pas la couleur du papillon, mais on sait que le papillon sera.
- Est-ce que c'est vrai que la chrysalide est souvent enfermée dans un cocon de soie ? J'ai vérifié mes fiches. Elles le disent. Donc, le trouble est dans un cocon de soie ?
- Oui, et c'est quand même un trouble... Le trac de notre entrée en scène, hein ?. Indissociable de la place accordée à notre musique. Des accords pour nos pas.
- Trébuchants ?
- Cela n'importe pas !