10 novembre 2009
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16:20
Faut-il qu'il y ait des femmes de grande vertu
pour qu'il y en ait d'autres, de petite !
Une conduite irréprochable, peut-être
de la propriété, peut-être
du pouvoir, peut-être
de l' hônneteté, peut-être
de la fidélité, peut-être
tellement méritoire, peut-être...
Eh bien tant pis, je préfère celles à la vie qu'on dira mauvaise, ces femmes durassiennes qui s'essoufflent à la nuit, la souffrance presque abstraite, sur des terres neuves où elles n'attendent rien et tracent de ce "rien" un chemin à mesure qu'elles se donnent à entendre.
Une voix.
Une voix tâtonnante de ce qui a eu lieu et injustifiablement haute. Et puis un sourire. Des larmes qui viennent. Je lis Duras :
"Un livre c'est la nuit. Ca va me faire pleurer et je ne sais pas pourquoi. C'est comme si l'écrit était toujours désespéré. C'est ça : là-bas a glissé. Il est ici. Nous avons pénétré dans le lieu vidé de l'amour".
Que dire de ce drame de l'explosion de l'amour !
De la Chine du Nord à Paris, en passant par Nervers, ce n'est jamais que le même décor ou presque. Et puis ce n'est pas très important au fond ! Quand on écrit sur l'amour, on entre dans un Mékong où se noient les larmes de l'émotion débordée qui ne se tient plus à rien.
"Le corps mort de l'amour", elle dit, une boîte à mots et à musique la lala lala "irréconciliable", "séparation", "désir", "passion", "immensité", "douleur"...
On pioche et on tire toujours la même étiquette, toujours la même : "une souffrance indolore".
Un engouffrement. Une épouvante.
Et j'entends la voix, la mienne qui ne narre rien, qui passe juste en moi, comme cela, et puis une musique, quelques notes, un tracé, un entrelacs de lignes et de silences.
La mer, je l'ai vue. Mes yeux pleins de sa lumière, de sa respiration, de sa beauté liquide.
"Regarder la mer, c'est regarder tout."
J'ai su là-bas,
la suffocation illimitée de la mer,
devant la baie d'Alger.
Comment suis-je donc passée du début à la fin de ce texte ? Je ne sais pas. Parce que, vous voyez, il n'y a pas de passerelle entre le début et la fin. Aucune jonction possible.
Des états si différents en somme.
Et du vide.
Puis quelque chose arrive, qui ressemble à de la mélancolie.
Sans aucun support.
Comme la mer.
Terriblement fascinante.