On entend les petites barboter dans la piscine. L'eau les éclabousse souvent. Elles hurlent souvent. Elles s'accrochent aux boudins et le plastique dérape sous le mouillé des doigts, j'imagine ça : des images, très nettes, très précises. Ca les met en joie et échauffe leurs nerfs : l'eau dans les yeux, pas prévue. Elles jouent à avoir peur, et n'y croient pas vraiment, elle dure si peu : une ou deux secondes, pas plus. Elles ont toujours envie de retrouver cette frayeur délicieuse. Dans le cri. Un subterfuge du plaisir qui les surprend. L'eau est un corps qu'elles tapent, tordent et mordent...
Alors la mère se lève de sa chaise en courant (bruits de pas précipités sur un carrelage) : "Ta gueule, Elisabeth !"