Tu avais écrit ces mots,
prémonitoires peut-être bien :
"Je suis lierre
Acrrochée de toutes mes forces
Je m’enlace, tout contre…
Je me nourris de peu.
A moins de me couper à la racine
Je ne lâcherai pas prise..."
Une lettre ancienne qu'on dirait retrouvée dans une boîte en carton, où s'entassent aussi des photos jaunies de visages qu'on ne reconnaît pas tout de suite, dessinés et diaphanes, noir et blanc comme des épousés sous la dentelle qui les borde.
On cherche des ressemblances, une histoire où on pourrait être quand même.
On se rappelle d'un lieu où on était ensemble et c'était quand ?
La date ne revient pas,
on l'invente,
on l'approximative,
on s'en fiche finalement,
puisque le lierre, déjà, poussait
qu'on le voit à présent grandi dans nos fissures,
et dans ce qu'on ne savait pas encore,
quelques-uns de nos songes.
Une mémoire vive,
"Je m'enlace tout contre,
à moins de me couper à la racine".