"J'exerce ma volonté à être en agissant de l'intérieur de moi".
Je dis ça.
J'essaie d'évoluer dans une certaine justesse, sans savoir précisement ce que ça veut dire précisément, "une certaine justesse".
Est-ce qu'on peut tout préciser ?
Toujours ?
J'ai seulement l'intuition de la diversité qu'il y a en moi et que celle-ci joue. En moi, de moi, envers et contre moi.
Un embrouillamini parfois que je tente de dérouler comme le fil emmêlé d'une pelote de laine.
La lucidité me semble alors, seule, pouvoir me renseigner sur la réalité de la représentation que j'ai de moi-même, Encore que... Comment en avoir une idée juste ? Justement juste ?
On se leurrerait sans cesse dans le miroir de son corps, de son âme ?
"Je m'apparais être", disait Kant.
Alors, quoi ? Je sais la conscience que j'ai de moi. C'est déjà çà, non ? Je tiens quelque chose, là, non ?
Je lis, je pense, je ris, pleure, j'existe dans un monde commun... Je suis là. Précisément là. Parfois plus, parfois moins.
Faudrait-il, pour mieux faire, pour mieux dire, relier cette réprésentation de soi et la conscience de soi pour que l'image du miroir tienne la route ?
Sortir du labyrinthe et ne pas se cogner à soi, si l'on admet que c'est toujours à soi-même qu'on se heurte, précisément ?
Simone Weil, la philosophe, parlait de "souffrance et de grâce" ....cela est transposable à chaque homme sur cette Terre.
Chaque acte de ma volonté est contenu dans un "tout qui est moi, ce que je suis, celle que je tente d'approcher, celle qu'il m'arrive d'être précisément, pour me dire et me surprendre : "Là, oui, c'est toi. Toi, qui es là, penses et vis, toi qui existes, en vrai, en vrai de vrai..."
Et, regardant mon image dans le miroir, je touche en même temps, de tous mes doigts, ce visage qui est le mien.