Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 17:00






Il y a quand même des ironies, des sortes de passerelles qui dessinent de drôles d' architectures au-dessus de nos surfaces liquides.
Les événements et des mots se répondent, parlent entre eux, on dirait.
A côté de nous, une musique du hasard construit ses arabesques folles.

Et j'entends des portées de voix dans une gamme de notes dodécaphoniques, des spirales de Schoenberg et des souffles en contrepoint, un ensemble instrumental et des essoufflements...
Quelque part, a
u milieu du gué, un épuisement immense quand tout fout le camp et que les courants jouent la vie des hommes sur une corde qui a gelé les doigts.
Pas coupé les mains, non, non !  juste gelé les doigts et noyé le rire.

Alors, cette phrase du livre
"Des hommes" de Laurent Mauvignier a attiré plus que tout mon attention.
Tout dépend de ce qui est vécu et senti, direz-vous. Oui, tout dépend de.

" La colère et encore une fois ne pas comprendre. Se dire qu'on est là, à attendre dans une cuisine, se dire que dehors il fait froid, nuit, et que loin d'ici, de ce temps aussi, que très loin il y a des raisons, des liens, des réseaux, des choses invisibles qui agissent parmi nous et dont nous ne comprenons rien."

Voilà. Parfois, on tire des fils, et on ne peut faire que ça, pour tenter de voir le ficelage du noeud, et même, même ... même qu'on ne voit pas grand chose dans le chaos et tout ce noir autour et qu'une embellie a entrebaillé la fenêtre.

 

14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 17:27

C'est une question de territoires ?
de lignes brisées ?
Non, de frontières floues.
Le malentendu ou la frontière molle...
Des billes d'humeurs élastiques ou un fil barbelé en couronne sur l'émail des dents, (et ça grince et ça crisse) qui se barrent en longues bandes noires, un chewing-gum réglisse dans la bouche.

Je ne parle pas de politique migratoire, on sait bien que celle-ci ne tolère rien et qu'elle agit selon des règles fixes et son intransigeance.

J'invente ici la frontière floue du malentendu,
ce qui se noue dans l'air, en l'air, l'air de rien,
dans le malaise, le mal dû, peut-être ?
dans ce qui n'a pas lieu d'être mais qui est,
dans la porosité des mots aux naïvetés blettes,
dans l' idiotie crasse de ce qu'on ne prévoit pas...

Dans "L'éducation sentimentale", Flaubert écrit ceci, qui a inspiré ce billet et ce concept que je crée, ici, devant vous, et tout de suite et que je développerai plus tard, la frontière floue des malentendus :

"T'es une idiote, oui, avec tes manières d'amour de la terre entière et tes mines de crayon à cahier dans la terre, qu'une insolente à gifler à la règle, qu'une mignonne à étoiler d'un lys chauffé à blanc sur le sein et au fer, t'es qu'une idiote, ma fille, à croire que la vie est un exercice de style à la plume, quand elle est sa propre tache sur le buvard gonflé des malentendus et des amours mortels.
Elle avait l'air idiote en effet, ce livre à la main, dans lequel elle lisait d'autres mots que ceux qui noircissaient la page, voyait des dessins qui ne s'y trouvaient pas ;  des images heureuses qui n'illustraient rien, sinon son désarroi et un coeur aveuglé, un homme dans son dos, croyait-elle, qui disait "J'en sais rien" quand il en savait bien quelque chose de l'histoire, c'était pas possible autrement."

Mon histoire de concept est bien sûr une boutade. Cela peut paraître bien prétentieux de ma part à ceux qui ne me connaissent pas, ou mal. C'est un jeu, pas dupe de lui-même. Ni plus, ni moins.

12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 17:27


Je voulais inspirer la métaphore, moi, m'élever dans les hauteurs humaines, non par excès d'orgueil, mais dans une sorte de souveraineté personnelle, une grandeur intérieure qui ne demandait rien à personne, une exigence de moi-même.
Etait-ce présomptueux de ma part ? Non. Non !
Un engagement entre moi et moi, vous voyez.
Bien que la formulation démente sans doute l' intention, vouloir inspirer la métaphore ne me paraissait ni prétentieux, ni outrecuidant, en regard de la perfection que je me réclamais d'effleurer à défaut d'atteindre, et de cette méfiance que j'ai continûment de moi-même.
A dire vrai, je trouvais même ça joli, ce "vouloir inspirer la métaphore". J'en étais assez curieuse, de cette inspiration-là.

Puis voilà que cette singularité arrive, bouscule la donne et les repères vacillent sur leur socle.
Je m'interroge.
Je me regarde, les yeux  au-dedans de mon crâne. La conscience tenue, oui. Conscience tenue.

Dictionnaire Le Petit Larousse, page 648 :
Métaphore : n.f. RHET. Procédé par lequel on transporte la signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une analogie, d'une comparaison sous-entendue (ex : la fleur de l'âge, la lumière de l'esprit, brûler de désir, ficelle au sens de "pain", etc...)
Métaphore morte : métaphore lexicalisée, dont la qualité figurative et poétique n'est plus ressentie.
Métaphore filée : métaphore longuement développée par une suite d'associations métonymique
.

La "métaphore morte", je l'ignorais jusqu'à tout de suite. Je l'ignorais, vous dis-je.
Mes déploiements d'exigence étaient-ils donc vains ?
Manqueraient plus qu'elles meurent, les métaphores, qu'elles s'y mettent, elles aussi, à fleurter avec quoi ? 
des racines de pissenlits ?
Pas assez grandioses, ces pauvres herbes qui verront jamais les lumignons de la langue, ces lampes fabuleuses, les rampes de la scène et les étoiles au firmament.

11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 15:19








J'aime bien la chronique d'Alain Rémond dans le magazine Marianne. Toujours des petites ironies qui viennent titiller l'ordre de choses auquelles on ne pense pas, oublie de penser tant elles sont inscrites dans l'ordinaire des gestes et de l'existant.

Comment ne fonctionne pas un distributeur de café, même à essayer de lui causer avec douceur, le verre en plastique sous la lunette qui ne dit rien qu'un borborygme qui finit par nous accabler d'une bonne dose d'impuissance et de solitude ?

Pourquoi tant de haine à se casser les doigts pour attraper une feuille de papier toilettes dans les chiottes pourtant revus et améliorés du TGV, puis du robinet qui devrait couler son eau dès qu'une main l'appproche, et qui ne dit rien qu'un gargouillis qui finit par nous accabler d'une bonne dose d'impuissance et de solitude ?

Quand les cintres cesseront-ils de se briser en deux exprès sous le poids d'une chemise et demie qui tombe par terre, informe, avec une moitié de ce qui devait la tenir, et qu'on reste avec un bec de canard idiot dans les doigts, tout interloqué qu'on est, parce que ça ne nous dit rien qu'un surgissement brutal de notre impuissance et notre incommensurable solitude humaine ?

Cette semaine Alain Rémond se questionne et interroge nos neurones sur les défilés de mode.
Je lis ceci, jugez plutôt de la pertinence :

"Toujours la même question. Cette question la voici : pourquoi, au nom du ciel, ces dames qui défilent pendant les défilés de mode nous font-elles la gueule ? Qu'est-ce qu'on leur a fait ? Qu'est-ce qu'elles ont contre nous ? Pourtant elles devraient être contentes. Qu'est-ce qu'elles ont à tirer une tronche de cent pieds de long ? Peut-être que ça ne leur plaît pas, finalement, les défilés de mode. Peut-être qu'elles ont horreur de ça. Peut-être qu'elles sont obligées de défiler sous les flashs par leur père, leur mère, leur oncle, leur tante, leur grand-père, leur grand-mère, sans ça, elles se prennent une trempe. Ou bien, elles adorent défiler et on les oblige à faire la gueule. Tu fais la gueule, sans ça tu te prends une trempe, leur a peut-être dit le couturier qui leur fait porter des trucs et des machins."


Moi c'était en fait plutôt le contraire que je me demandais.
A savoir pourquoi les filles sur les grandes affiches de pubs, de montres ou de sous-vêtements, riaient sans cesse ?
Dans la nuit, sur la route, je les voyais ne jamais s'arrêter de sourire et ça m'avait un côté désespérant de les voir ainsi montrer toutes leurs dents quelque soit l'heure du jour et de la nuit. Je les trouvais grotesques et attachantes.
Elles riaient et riraient ainsi, infiniment et à jamais.
Ne diraient jamais rien.
On ne leur demanderait jamais rien non plus.

La gueule du rire suffisait ?
Une absurdité folle à pleurer, oui.
Avec ce plus d'impuissance et ces petits moments de solitude  qui remontent, on ne sait même pas d'où.


Les sculptures sont dues à quatre enfants de Annick, de l'école maternelle de Gradignan. Annick, un être inventif et passionné. Merci à elle;

10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 22:32

Les événements ont toujours sur moi une charge "en trop", une surcharge en quelque sorte, tant  leurs juxtapositions m'apparaissent étranges et me semblent relever d'une imposture.

Pourquoi une image viendrait-elle s'inscrire dans une autre et en évacuer le sens par l'intrusion du sien ?
Les deux images ainsi mêlées, les deux sens ainsi bousculés et peut-être antagonistes, donneraient alors un autre dessin insensé, baroque...
L'une uni à l'autre sans pour autant y consentir, un mariage forcé on peut dire...

Ainsi vont, vont, vont tous les événements.
Ils se mélangent si vite !
et à tant vouloir les isoler, considérer l'un puis l'autre, puis l'autre ensuite, j'ai la sensation de passer un temps fou (fou, c'est le mot, pour moi-même fou et éreintant !)
à malaxer les choses,
à m'attarder infiniment,
à comparer,
à observer,
à ne rien comprendre de "ce vouloir absolument" tout secouer dans le panier à histoires, de ce brouillage des ondes qui allumerait alors toutes les ampoules, jouerait de toutes les fréquences pour un son inaudible et un monde sans mélodie.

Un monde sans mélodie ? Oui, un monde sans plus d'échos, sans rien qui puisse rebondir sur les oreilles de nos murs, sourdes de ce bruit infernal et trafiqué. Une sorte de fond sonore, tellement sonore, tellement vide !
Le hurlement du monde peut plus s'entendre dans ce vacarme...

Et moi, je veux en saisir la musique, retenir le chant du gitan dans la rue, à cheval sur sa guitare, des pierres plein la gorge.

Depuis longtemps, je me serre la tête à deux mains à tenter de dénouer le "maintenant" et "le tout à l'heure", vous voyez, afin de ne pas tout mettre en vrac dans mon sac, donner des reliefs, des hauteurs à ce qui paraît si petit, si peu "considérable" en regard de la profusion des géographies tout autour.

Il y a longtemps, je trouvais cette idée de juxtaposition tout à fait indécente, intolérable, hideuse.
Comment telle chose avait-elle pu avoir lieu en même temps que telle autre ?
Moi, moi dans tout cela, où étais-je ?
Quel espace était donc ainsi réservé à chaque être pour tenir dans ce chaos ?
La souffrance, ici, ne pouvait habiter à côté de la jouissance, là, juste là.
Rien n'allait avec rien.

Non, rien ne va avec rien. Jamais.

L'idée de juxtaposition des choses, de l'empilement des données serait alors une pensée vaine, tirée de mon irréalité interne ?
Non,  pas tant que cela, non !

8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 17:39



A lire les commentaires qui s'écrivent et que, d'une certaine façon, j'invite à ma rencontre, à vous entendre, vous tous qui venez dans ma maison, à vous deviner, à tenter de saisir vos existences derrière l'écran comme je le suis moi-même à cet instant, je me dis que j'ai bien besoin des autres,
de toi qui me lis,
de ton reflet sur ma vie.

N'en déplaise à Schopenhauer qui voulait se retirer de la foule humaine pour mieux l'observer s'agiter,
n'en déplaise à Céline, l'atrabilaire si peu amoureux du monde des hommes, n'en déplaise à Cioran qui réglait un sort de combat à l'existence,
moi, (n'en déplaise à moi-même !) j'ai besoin des autres.

J'ai beau de défendre des discours qui m'importent si peu, moquer ces mots vains entendus qui ont blessé mon coeur, me gausser des bêtises avec lesquelles il faut quand même cheminer...  j'ai besoin des autres.

Dire mille fois que ce qui existe est ce qui réside dans le clapotis de la pensée...
Donc dans quelques clés que j'essaie d'utiliser pour ouvrir des portillons qui donneraient sur des soupiraux, donnant sur des jalousies, donnant sur des meurtrières, donnant sur une arrière-cour ouverte sur l'océan, des vagues à n'en plus finir, un remous fabuleux de rouleaux liquides et mousseux, des algues ou, c'est pareil, des idées tirées du fin fond de ma plage instable.

A moi, l'eau de mon sang lavée ravinant mes troncs d'arbres pas morts.
Pourtant quoi ? j'ai besoin des autres.
Et de leur vie et de leurs veines, de leur intelligence, de leur fragilité, de leur humanité, de leurs bonheurs et... même, même de leurs trouilles bleues.




"Ils vivent, ils vivent tous !
Comment toutes ces vies
se contiennent-elles dans des mots,
des mots pour chacun,
des mots de chacun,
partagés là,
dans cet ici
qui est ma maison
et un ailleurs."








 
6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 11:34

         
Bon anniversaire, Dominique !





En marge
des marées basses


tout douceur
tout lumières accrochées à ses nuages 
tout battant du coeur
au coeur
tendresse du coeur
au coeur
émoi du coeur
au coeur
bouleversé 

                          
prolongé
de mots 
qui
toujours
en moi
s'élastiquent






 J'invite tous ceux qui le connaissent
à le lui souhaiter sur son blog cetaitdemain
en lien ici.

3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 17:04





Einstein et Newton n'ont rien à voir dans mon histoire de montre orange.
Je ne peux agir sur l'image Google.
Barrer ces deux noms par exemple, ajoutés au tableau de Dali,
une certaine idée de la rigueur mathématique, de ses fantasques aiguillages, un fléchage absurde sur la ligne du temps.
Einstein et Newton ne sont pas invités ici, une donnée sans embrouille dans un problème qui n'existe pas.


La situation n'a rien de mathématique. 
La vendeuse d'une chaîne de parfumerie m'a offert une montre orange. Pour une somme supérieure à 60 euros je crois, je recevais cette montre made in Taïwan.
Une montre orange.

Elle, à côté de moi, vous pouvez la deviner.
Elle a 43 ans, je lui en donnais une bonne soixantaine.
Elle est maquillée soigneusement, du fard aux paupières et aux joues, ses lèvres nacrent un drôle de sourire tendu. C'est que la peau ressemble à une voile cousue sur des tendons. 
Des tendons lacés à des nerfs, noués à des muscles de neige. De neige, je vous dis, tant il fait froid à regarder ses mains creusées de bagues, son poignet aux ressorts de glace. De glace, je vous dis !

Elle porte, là, accordée à la maille du gilet,
cette montre orange,
la même exactement,
reçue elle aussi pour une somme supérieure à 60 euros à la parfumerie de la galerie marchande.
Exactement la même somme.
Exactement la même galerie marchande.
Exactement.

"Est-ce que tu vis seule, toi aussi, ou bien t'es  avec quelqu'un ?"

Pourtant, la même montre orange, je vous dis !

1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 02:31

Mille mercis à Mademoiselle d'enfer(t) de m'avoir fait découvrir cette musique et cette voix fa bu leu se !





Ailleurs transportés, vous le serez tous !

Peut-être que, ô magie de la blogosphère, Soulef ou Zineb ou Jalel, ou eux trois pourraient traduire, ce serait pas mal, ça !
29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 16:04



Attendre
attendre
attendre
attendre
attendre
attendre
attendre
attendre
attendre
attendre



On dit d'attendre.
Tendre ?
Non.
Attendre.
Tendre vers quelque chose qu'on ignore.
Kafka dans sa cage ou un hall d'aéroport désert.
Donc être seul.
On dit : "Tu es seul."
Qui parle, hein ?
Qui montre la cage ? Désigne l'aéroport et le hall désert ?
Tu ne sais pas.
N'en sais rien.
Tu imagines facilement une architecture...  
Carrée, un bloc de pierres, quatre murs raboutés en angle droit.
Toi au milieu de nulle part.
On dit "Attendre".
Une durée sans objet.
Un objet sans existence.
Attendre rien alors ?
Rien, mais attendre quand même.
Dans le hall désert.
A un moment, quelqu'un viendra.
Certain de ça !
Quelqu'un viendra est une certitude.
Une équation incertaine de ses inconnues.
Un aspect de la certitude de l'attente.
Dans le hall désert ou bien la cage, c'est pas sûr.
Seulement sûr que t'es seul dedans !