Puis travaillé quelques scènes à ma table de montage.
Ce que j'ai vu est encore au fond de ma rétine.
Un spectacle excellent du Théâtre des Tafurs, (excellent, vous dis-je !) sur un texte d'Anise Koltz"Chants du refus".
La mise en scène de François Mauget est étonnante, entremêlant légèreté et gravité du jeu.
"Sans les mots, ma bouche se comblerait de pierres", écrit Anise Koltz.
Et là, voyez-vous, j'avais bien la sensation d'assister à un roulement de cailloux, à un éboulis, et tout à la fois à une édification lucide et chimérique au coeur-même de la langue.
La poésie est vivante.
Elle traîne ses oripeaux avec une belle grâce, une élégance du tonnerre, et une succulente liberté de la forme.
Surtout quand elle est portée par le talent des deux comédiennes remarquables, Jeanne Flora et Martine Lucciani, ainsi que par celui des musiciennes qui les accompagnent, Cris Martineau et Julie Läderach.
pour François Mauget, le metteur en scène du théâtre des Tafurs,
pour les comédiens, dont l'excellent Daniel Crumb,
pour l'inventivité des musiciens Jakes Aymonino, Ravi Prasad, Alain Cachtoun Cadeillan,
pour la poésie qui prend le frais et donne ses frissons un soir de mars,
pour ce désir de voir plus loin et autrement,
pour ce silence qui viendra,
des résonances ébrieuses sous nos ailes.
Jean-Claude Pirotte est né à Namur. D'abord avocat, il est rayé du barreau en 1975, accusé à tort d'avoir facilité l'évasion d'un de ses clients. Il a ainsi vécu clandestinement en France pendant six ans.Peintre et écrivain, il a aussi collaboré à France Culture.
Il a publié une cinquantaine de livres, romans, livres d'artiste et recueils de poésie.
Il a obtenu de nombreux littéraires dont le prix Marguerite Duras et celui des Deux Magots.
Salah al Hamdani est irakien opposant à la dictature de Saddam Hussein, résistant aussi à la guerre actuelle. Il est exilé depuis trente ans en France. Il a commencé à écrire dans les prisons politiques en Irak.
Poète entre deux rives mais aussi homme de théâtre et de cinéma ("Bagdad on/off" de Saad Salman, 2002), il a écrit de nombreux articles, récits et poèmes en français et en arabe.
Ici, il s'exprime juste avant "Au large de douleur",
un spectacle mis en scène par François Mauget du Théâtre des Tafurs,
dans le cadre de "Demandez l'impossible", Le Printemps des poètes. Filmé à Bordeaux à La Boîte à jouer le 24 mars 2010.
"Sidi Ferouch"(Clip Officiel) envoyé parRolandMathieu. -Regardez la dernière sélection musicale. Sidi Ferouch est une ville située tout à côté d'Alger. Alain Souchon y a chanté il y a dix ans. Il voudrait y retourner et occuper ce même théâtre en plein air. Si j'allais l'entendre là-bas, à la sortie de son nouvel album ? Je pourrais y inviter Ali Haroun, peut-être, peut-être, lui, dont je lis parfois la lettre, une main sur le coeur.
Il y a de la tempête ce soir. Un grand vent dans mes branches.
J'écoute d'où me vient cette rumeur de mer, quand la nuit m'accompagne, et que, noctambule encore, j'ai tout le poids de la ville dans les mains.
Je me souviens de "La vie promise", un film d'Olivier Dahan que j'ai adoré. La musique y est somptueuse. Et ce langage des fleurs dont se réclame la vie, quand on y croit, aux fleurs et à la vie, et tant pis pour la désespérance qui prend les soirs de... , on y croit. Parce que rien ne s'arrête jamais. Tout, tout, toujours, rejaillit de lui-même, en soi-même, et obstinément. Un refrain du dedans, obsédant, terrifiant... "Tout ce que tu es, tout ce que tu vas oublier en grandissant et que, pourtant, tu ne cesseras jamais d'être."
Ce qui, oublié, ne se peut pas... C'est juste là, au coin de l'oeil et de la bouche, dans un regard, dans le tien, et qui revient comme un ostinato obstiné, tellement obstiné, une mémoire cramponnée à la vie et qui s'acharne.