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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 15:02
100 3409

Vite !
Faut faire vite pour la pose de l'animal.
Cette image, vous voyez, vient juste après "la bonne" où le chat regardait l'objectif.
Toi, tu n'as rien forcé. Tu as juste accompagné un mouvement et tu as penché la tête.
Vos deux regards m'ont échappé.

Photos ratée alors ?
Non, non ! Je l'aime cette photo. Mais...
Autre chose à lire.
Une autre attitude qui prend au dépourvu l'image imaginée.
Comme un présent qui s'en va plus loin et me dépasse.
Un flou du souvenir de l'image traverse celle-ci.
Deux secondes d'écart, vous voyez, et tout est différent !
L'expérience du basculement du temps dans des regards différés, des regards quand même !
Et c'est là, comme un hoquet du présent.
Ou un sursaut de l'oeil.
9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 21:38

100_3420.jpg

Nuit.
Pourtant ce n'est pas la nuit.
Sept heures du soir à l'enseigne d'un magasin.
Seulement sept heures.
- Déjà si tard ?
- Oui.
L'élastique du temps a repris sa place initiale des aiguilles sur la montre de mon bracelet.
Le boulevard n'est pas encombré.
Les voitures sont des éclairs qui passent au ralenti de mon microsillon.
- Quelque part, "ça" vibre, je me dis. Beethoven à la radio. Quelque chose se prépare et je ne sais pas quoi. Coup d'oeil au rétroviseur. Quelque de l'air. Quelque chose dans l'air. Que je reconnais.
Je me gare entre deux arbres dépanaillés. Je descends de voiture.
- Mince, c'est vrai que ça caille !
La peau se rétracte sous la piqûre du vent.
C'est pas si moche cette ligne macadam avec Paris au bout.
Des flaques de lumières,
une eau-de -vie,
des points d'ombre,
des phares,
ou des yeux
cinq minutes en arrêt.
Moins.
Moins que le temps de fumer une cigarette.Trop froid.  
Dans l'oeil de ma caméra, les images attendent.
- Sur un meuble noir et acier.
- Yes, sur celui-là. 
100 3414


8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 18:54
100 3309Ah oui, ne pas oublier de ne pas me demander si je ne suis pas un peu idiote, trop frivole, futile, superficielle... insignifiante, quoi !
Ne pas me dire  : "Non mais, c'est quoi ça ? Même pas de sens à ce que tu fais ! T'es quand même un peu légère, là, tu ne trouves pas ?"
Je suis dans la foire et je la fouille,  voilà.

Etre légère signifie donc, là, que je manquerais de densité de moi-même, (de densité intellectuelle, s'entend).
N'est-ce pas étrange, ce déplacement du sens, alors qu'on me répète souvent d'être enfin dans la légèreté de la vie, d'être en légèreté... et pas dans une mentalisation à tous les étages de mon immeuble en béton désarmé ?


7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 19:03

Ce matin, je me suis perdue à Eysines. Remarquez, c'est pas grand, Eysines. Ca ressemble à ces villes de banlieue, où le centre est comme décentré, on ne sait pas au juste où il se trouve vraiment, la bourgade se déplie inconsidérément. La banlieue  de la banlieue veut sa part de terrain, elle aussi. On se fie au clocher de l'église, quand il y en a une, on tourne autour des sens interdits, on passe quand même quelque part... Ce n'est jamais la bonne rue !

On finit par repérer un passant, et c'est une passante.
Elle déambule sans souci, c'est bon signe.
On baisse la vitre, on se fait la gorge dans l'air vif.
Un voile de buée nous sort déjà de la bouche.
On appelle : "S'il vous plaît ! s'il vous plaît madame...!"
La passante est enrubannée dans un manteau gris, on remarque le col châle, c'est bon signe.
On recommence, mais en un peu plus fort : "Madame ! S'il vous plaît madame ! Heu ! Mâdâme...!"
La passante, sur son trottoir, a doublé la voiture à présent.
Elle ne s'est pas mise à courir, c'est bon signe.
Alors on se dit que tout n'est pas perdu, que nos mots ne peuvent pas s'égarer ainsi dans le matin embrumé, que le gel ne fige pas complètement les sons, que...
La passante est sûrement dans sa bulle de rêves inachevés, tout pesants qu'ils sont dans son sang, encombrants  de ce poids vissé aux semelles des bottines.
La passante a donc, oui, des bottines, c'est bon signe.
On tente le tout pour le tout : on arrive à sa hauteur, doucement, la vitre de la fenêtre avant gauche toujours baissée et là, tant pis ! on klaxonne.
Mais la passante ne bouge pas la tête d'un millimètre, le manteau gris flotte un peu avec elle, elle marche.
Je n'existe pas. 
Ma voiture n'existe pas.

Silence.
Je me tais.
Je n'ai qu'à me taire.
Plus qu'à me taire.
La passante ne m'entend pas.

4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 20:30

orage-15-juillet-2003.jpg

Sur le palier, il fume.
Il est seul.
Je ne sais pas à quoi il ressemble. 
Sa langue résonne dans la fumée lourde du cigare, des rouleaux étirés, des sortes de nuages fatigués du voyage, dépliées lentement et bougeant si peu. 
Parfois, elle s'immobilise dans sa gorge en une boule de sonorités rugueuses.
Elle a des peines à s'évaporer du palier... ou bien faudrait que l'homme ouvre la fenêtre qui donne sur la rue. Mais il fait froid dehors, la neige revient il paraît... tout à l'heure, à la radio, on pouvait croire que le météorologue annonçait le retour des hirondelles blanches. Non ! Pas seulement blanches, les hirondelles, non !
L'homme a du mal à l'oublier, sa langue, la seule qu'il connaisse, vous voyez.
Alors, parfois il gueule ses arabesques russes qui sortent d'un seul coup de sa bouche. Et c'est tout un éboulis de mots rêches qui basculent à grand bruit dans la cage d'escalier. Un écho de là-bas qui s'en vient par ici.
L'homme fume toujours. Seul.

- Il téléphone ?
- Non, il ne téléphone pas, cause à sa terre,  va savoir ! Ca sent le Davidoff, tu trouves pas ?
- Alors, tu crois, toi, qu'il parle à la taïga, aux steppes herbacées, à la toundra du Caucase... peut-être ?
- Ben oui. Oui.
- Davidoff, tu dis ? T'écris ça comment, toi, un ou deux "f" ?
- Ben, j'en mets deux, bien sûr. Davidoff, c'est comme Smirnoff, la vodka Smirnoff, faut deux "f".
- Ecoute ! Chut... écoute ! La fumée, on ne l'entend plus !

1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 18:18


Les jours se suivent,
se ressemblent pas,
ressemblent à rien parfois,
puis voilà que tu les enchantes...
Chante alors,
chante pour moi !
28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 18:43

100 3209      Dans une autre bulle que les infos du monde en ce moment, quand je sais bien pourtant ce qu'il contient de moche.
A se demander ce qu'il est possible de faire afin de ne pas se sentir moche à son tour.
Il est facile de s'insurger, moins simple d'agir.
Comment ? A chacun d'apporter sa petite pierre d'argile pour un marbre peut-être.

Puis parfois, on laisserait bien aller les choses,
les bras pendus au bout de soi...
23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 20:10
Temps x.
Une perdition au coeur de la lampe égyptienne,
et du miroir.
Est-ce que sauver mes yeux est encore possible
dans les minutes mortes ?
Abandonnées en moi,
à jamais dans ma caisse,
dans mes mains, la tête sur la table.
Dis-moi, toi, si je m'endors
dans cette broussaille où je m'avance,
une rumeur d'oiseaux de nuit.
Ici.
Dans la nuit.
Compter les minutes, deux par deux, ne sert à rien.
Mon visage s'enlise dans son sable,
un effondrement des heures,
un éboulis de moi-même
pour passer à demain.


Un immense merci à mes amies Claire, Nathalie, Mû, ma soeur chérie Marie, ma Carole l'adorable, et toutes celles et tous ceux présents et là. Là .
21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 09:27

100 3020Pour le défi des "Croqueurs de mots", voici donc un Je me souviens initié par Georges Perec. Une façon de porter ici une mémoire vive.


Je me souviens que le rideau du théâtre La Pergola était noir et qu'il s'ouvrait un peu trop vite, en grinçant sur ses filins d'acier.
Je me souviens d'un café sur une place avec une fontaine.
Je me souviens de deux cygnes qui nous ont fait rire, "Putain de cygnes !" t'as dit.
Je me souviens d'un soir étrange et fou où je pensais mourir, de honte et de déréliction, au coin d'un mur.
Je me souviens d'un homme, tournant sur lui-même, gare Saint-Charles, à Marseille.
Je me souviens du Talgo, Irun-Cadiz.
Je me souviens de Boby Sand, mort d'une grève de la faim, et de Margareth Tatcher qui l'avait ignoré.
Je me souviens de ton grand manteau ouvert sur la nuit.
Je me souviens que t'écrivais dans de petits carnets vénitiens.
Je me souviens du rouge-gorge que mon père nourrissait tous les jours et qui revient encore, en nostalgie ?
Je me souviens de ta chemise ceintrée, à carreaux marron et orange.
Je me souviens du cimetière juif à Prague, tu m'avais consolée de toute cette souffrance.
Je me souviens d'Alger et du grand vent sur la baie.
Je me souviens d'un chat à qui je prête des intentions philosophiques.
Je me souviens d'un môme, assis devant la vitre de la classe, qui disait se voir jouer dehors avec les autres.
Je me souviens de ma fatigue quand je tombais comme une enclume dans le lit.
Je me souviens de Conforama.
Je me souviens de la chaise comme une main ouverte, ou de cette main ouverte comme une chaise...
Je me souviens d'un graffiti rimbaldien dans la cage d'un ascenseur "elle est retrrouvée, quoi ? l'éternité, c'est la mer allée avec le soleil."
Je me souviens d'un lys blanc dans une bouteille bleue.
Je me souviens que le rideau du théâtre de la Pergola se fermait tout doucement, je pensais, moi, que ça ressemblait à l'effacement du monde.



 

15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 18:56

Six clopes sur la table de nuit,
pas une de plus pas une de moins,
six clopes !
A se méfier de ses yeux allumés pour une autre,
une bouffée, "un taf", tu disais.
Six clopes,
une rigueur à la volée sur la table
et le cendrier (boule de billard, tu crois ça toi ?) jaune,
la cendre dedans, une petite neige sale.100 2855
Six clopes,
coincées entre les doigts
du chinois fou,
dans le hall
de l'hôpital.