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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 10:58


Tu écoutais Erik Satie l'autre jour,

effondré et fragile...
Malheureux,
tout simplement malheureux...

Pour le grand homme mort,
pour sa maison en flammes,
pour l'ami, mon bibek, tout en peine,
pour toi, le fils, en travers du chagrin.
7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 06:14


Faut-il qu'un coup de vent ait raison de moi ?
Et quel vent, là-bas, là-bas, jamais vu auparavant !
A faire m'envoler quand j'étais tenue pourtant, mes cheveux comme des flammes me noyant toute la figure...

Le simoun peut-être, j'aimerais bien moi, pour la beauté du nom, ce vent qui rend fou, un sirocco dément, à me déporter de côté, à tomber, mais tenue heureusement pourtant par des bras et sur mes jambes.

Par les rues...

Se noyer dans les gens, dans la ville, pour la goûter comme une eau, "ces évangiles de pierre, de ciel et d'eau" disait Camus.

"Sans mot dire, nous imaginions l'arrivée de ce jeune immigré du quartier pauvre de Belcour dans le cénacle de la culture embourgeoisée où se pressaient les fils de notaire et de médecins qui n'avaient d'autre vocation que d'engendrer des notaires et des médecins..;" écrit José Lenzini dans son très beau petit livre sur Alger. Quelques-uns ont du tousser eux aussi !!!

Alors, on tousse comme on se perd
dans des rues,
pour des raisons diverses en somme.
Une contenance de la bouche tout aussi bien, ce qui ne se dit pas, ne se parle plus du trop senti, bouffées de vent qui m'époumonnent, la bouche sèche, une embouchure qui brûle, pareille à  une maison, ailleurs, un peu plus tard, en France, chez lui, le philosophe qui m'a conviée ici, fait vivre ce que j'ai aimé vivre, avec... Alger la blanche au seuil de la mer, un crépuscule qui tombe vite, se dépasse vite, abandonné par la nuit que traversent quand même des oiseaux.

Moi, c'est le vent qui bronchite ma peau, rien que le vent et le regard du dedans qui envoie ses images, qui les revoit, un flash back qui balaie les yeux et donne des frissons, des souffles indéniables du côté de la casbah et du port de l'Amirauté où quelques bateaux dansent, dans cette multitude de gens qui se croisent, se décroisent, et tout ce paysage grandiose et beau, digne et lumineux, soleil couché sur un ciel de traîne orangé et flamboyant...
Se perdre dans les rues
et tousser ce dédale à le pousser dehors, 
pour s'en souvenir toujours.
Une écriture du corps. Peut-être.


"Regard déchaîné
je te dédie une mer
et m'épuise aux confins
rive à rivages
et je meurs sur moi-même."

Mohamed Did   Feu, beau feu

6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 22:13
D'abord, on ne sait pas.
Puis l'effroi tombe sur les épaules comme une herse.
 
La maison de Francis Jeanson
a brûlé à Claouey.
Stupeur et tremblements !

Stupeur et tremblements !

Des flammes envolées par le toit 
pour en toucher le ciel.
Stupeur et tremblements !

Des flammes pour un philosophe.
Stupeur et tremblements !

Des flammes pour ses livres,
ses archives,
ses bibliothèques, 
des trésors glissés sous les mots
que ses yeux ont soulevés,
un jour, un autre,
ses pages écrites,
dans la peau du papier
qui se souvient.
La cendre,
comme une neige noire.

Stupeur et tremblements !
Et ça fait mal, mal, mal...
6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 11:29





 Un plan étalé devant moi
je me perds 
plus encore, 
sidérée de toutes ces rues, là-bas,
et même du vent,
une soufflerie à joindre l'horizon posé sur la mer.

La ville est tellement lumineuse et ruisselante dans ses courbes idéales, si tu savais !
Et aucun feux de balisage pour la route.
Feu rouge, feu vert ? Pas de signalisation !
"...Et même pas de fumée !" a dit le chauffeur de taxi.

Alors, je brasse les chemins et les sens,
ici je fais toujours
comme je peux dans le chaos des rues,
sur la Place des Martyrs
ou de l'Emir Abdel Kader.

Sait-on jamais ce qu'on cherche
sur sa carte mémoire ?
Là-bas ?
5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 23:13

Ce ne serait pas le muezzin qui appellerait à la prière
mais la prière qui l'appellerait,
comme une voix 
au silence de la multitude.


D'ici,
entre les ancolies,
je crois
entendre
cet écho
dans la nuit.





Un envoûtement
et
un outrage...
1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 09:19

 
"Des mots que je ne savais pas alors résonnaient d'une  musique qui, d'un mur à l'autre, allait et s'en revenait jusqu'à n'avoir plus d'écho."


Kateb Yacine
31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 17:29



Je suis dans le regard qui passe, flou et tremblé...

Des hommes et des ombres,
des êtres de qui je sais si peu, accoudée que je suis à leur balustre, à leur mystère,
à leurs traverses,
juste sur le seuil d'eux-mêmes, là où nous nous tenons tous,

mais au seuil de l'essentiel dont je ne sais dire ni le lieu,
ni la place exacte,
non plus quel souterrain il habite, 
et pourtant,
ce qui est là, éprouvé dans les mains et entre les doigts,
dans l'ombre de l'ombre sur le mur,
dans les ridules du sourire que j'entends
tiré de sous les pierres.

Flou et tremblé le regard
qui pouvait ne pas être celui-là.
Ne pas être.
Ne pas.

Puis l'esquisse d'un geste,
d'un mouvement simple,
comme avancer un pied devant l'autre,
d'une autre pensée
dans d'autres plis de la pensée,
et
tenir 
dans cette justesse agrandie,
l'espace déterminée de la photo,
une prise de vue incontournable.


30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 18:14



"- T'es qui, toi alors ? demandait-elle à sa copine.
 - Moi, j'suis sans correspondance, tu vois, une qui voudrait bien tout, mais j' y arrive pas, une qui reste en rade au bord du quai à regarder les autres en marche... Moi ? j'suis sans correspondance."

Je me souviens de cette voix, de ces mots-là, être sans correspondance, de tous ceux qui se tiennent derrière eux, dans l'ombre de la blessure... 
Ces mots cousus d'impressions,
impressions tues, 
juste là dans le tissu des plaies,
la chair vive à vif ,
et rien que des équarrisseurs promis au corps,
pour effacer toute trace
et laisser, là,
dans le pli,
des flétrissures.

"Sans correspondance", et peut-être a-t-elle souri de ce qui l'étonnait et poussait de sa bouche.

28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 18:58




Ce qui se montre,
authentifie,
désigne.
Un être.
Seul.

Lui et pas un autre.
Lui et pas son double.
Un théâtre tout seul
et un seul personnage

seul.


"Il faut restaurer la vision sacrée du théâtre."
Ainsi parlait Antonin Artaud.

26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 19:38



La gorge est un petit cornet de chair, une espèce de tuyau ou un accordéon dans ses plis, un sac de vibrations tremblées.

Je mange et ça vibre.
Je parle et ça vibre.
Je lis et ça vibre.

J'écris et ça vibre. Aussi.

Comme si la gorge était le lieu majeur de l'intimité la plus intime.

L'écriture alors...
un son venant du plus loin de soi,
de profondeurs qu'on ne sait pas être,
un noir du sang et des plaies.