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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 22:36

Passer le pas des portes

doucement

le pas des portes

 

et ne pas voler ce rire

 

Je parle en mon nom et

tu parles en ton nom

 

Une force transfusée

par une écharpe blanche

un corsage avec des papillons

un chapeau rouge 

et pas

de ronces

pas...

 

Passez le pas des portes....

 

 

 

16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 01:08

"Au vif du vivant", écrit Picasso,imagespacs

"il faut que les yeux aient mal avant de perforer."

 Pour l'illumination du monde. Et ce sont presqae des dessins d'enfants.

Il écrit, ou plutôt c'est Lydie Salvaire qui transcrit :

"Picasso décide d'être fort, mais non pas de la force imbécile des brutes, lesquelles ne s'affirment qu'à condition d'ignorer les effrois intéririeurs, les écorchements, les chagrins et le doute qui assaille et ronge. Il décide d'être fort mais fort de ses faiblesses, de la poésie, de ses amours, et de sa grande faiblesse d'être farouchement, passionnément une passion comme en toute chose, inorexorablement possédé par l'art inhumain de peindre, derrière un ciel transpercé, ce qui sourd du réel et l'enchante quand même."

 

Il parie toujours, dit-il, sur ce reste de vie dont les hommes se sont désaccoutumés, en pariant sans défaillir sur son irréductible contamination.

 

le vif du vivant

 4679496908_94e135ec43.jpg  

 

Voilà, Picasso a aussi des corps nus, lépreux et mal foutus, des amoureux, des beautés invisibles,  juste des corps, avec la volonté que l'image agisse sur les nerfs avec autant d'evidence que la réalité dans l'oeil.

 

Il écrit : "Un lour,... un jour, il y aura une figure qui sera aussi vraie que la vraie, un jour , elle prendra chair et elle aura le vif du vivant."

 

15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 01:01
 

"Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer." C'est Marx qui écrit cela. La philosophie cherche donc des réponses. Des questions et des réponses. Est-ce qu'elle cherche des questions d'ailleurs ? Ou bien est-ce que les questions sont avant elle ? Sans doute qu'avec le développement des sociétés, apparaissent de nouvelles questions. Des questionnements, en tout cas. Nous/je me questionne autrement aujourd'hui qu'il y a deux ans, qu'il y a cinq ans, dix ans.

J'observe les comportements des hommes, leurs beautés et leurs bassesses, leurs mensonges, leurs grandeurs, leurs rêves  d'un tonnerre de feu et leurs rêves éteints, la violence des actes et des mots qui parfois étreint tout, une poussière qui se dépose, et la merveille de l'évidence, une justesse comme une rage de vivre, l'essentiel en somme.

 

Observer. Et transformer l'observation. C'est ce qu'on appelle l'expérience.

L'expérience, -et ce sera ma phrase du soir-, ce serait, en s'asseyant à côté de soi, avoir tout de suite envie de se serrer la main.

 

Et aller savoir pourquoi je pense à la musique de Ry Couder dans "Paris, Texas", lancinante et calme,  hypnotique et envoûtante. Je vois ces longues routes rectiligne bordées de  cactus et de l'étendue immense du désert texan. Travis marche, marche, avec sa solitude, et son histoire d'amour demeurée dans l'essentiel. C'est cela qui fascine toujours dans les belles histoires. Même quand les amants sont éloignés et que la vie les a séparés, ils restent dans l'essentiel de l'histoire de leur désir : leur histoire ne se perd pas dans la faute, ou l'indifférence. Il n'y a pas d'explication à donner au désir.

Ce qui est essentiel entre les êtres n'a pas besoin d'explication. Puisque c'est l'essentiel.

 

 

14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 01:04

Aéroport. J'aime bien l'ambiance de ces lieux passants. Personne ne les habite vraiment. Ils sont attentes, le temps est déjà plus loin. Moi, je ne partais pas. J'accompagnais la joie d'une amie avec sa valise qui pesait trois tonnes et une belle légèreté heureuse.

Paraît qu'il pleut aussi où elle va. Pas pareil, les pluies de mousson des pays de Sud, pas pareil !

Je me suis retrouvée dans la voiture. (Rocade) A l'abri de la tôle qui filait. Dans le chant qui passait à la radio.  Voilà. Le "ciel brouillé" était venu se coller au pare-brise,  et toute la pluie du monde me faisait un signe de connivence. J'ai posé un moment mon caméscope devant le volant, comme pour lui rendre.

 


 

 


 

12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 14:59

Sous les yeux, c'est là. Au ras du trottoir. Les yeux dans les pas d'un homme. Je ne sais pas qui il est. Il est pressé. Ca urge. Il a des poches. Sous les yeux au ras du trottoir, c'est pas certain. Mais dans les mains, c'est flagrant.

Les hommes sont des fourmis. Se croIsent, décroisent, rencontrent une âme soeur, tiens ! une autre poche avec un sac rouge. Une autre fourmi. Vous verrez à la fin que le casting est bon !

Ca se passe pourtant sous vos yeux, au beau milieu des passants ordinaires de la cité, un samedi d'avant les Pâques.  Pour un peu, vous n'y auriez vu que du feu au trafic de ces "porteurs de poches" !

Parfois, remarquez ! c'est comme ça. L'âme est transportée, transportée, (elle y convie forcément le coeur, autrement ça se peut pas !), on ne pense à rien d'autres qu'aux étoiles ...et la poche craque d'un coup ! Rien que des anses toutes légères au bout des mains, autant dire une déchirure, un manque subitement là,  et les éclats du vide.

 

 

11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 21:56

J'aime beaucoup ce poème de Richard Brautigan. Des mots de rien. Déconcertés. Les deux derniers vers en sont sa force dérisoire.  A cela,  il n'y a rien à rajouter. Tu en sors doucement, et à reculons, pour ne pas faire de bruit. 

 

 

La mer est comme

un vieux poète bucolique

mort d'une

crise cardiaque dans

les latrines publiques.

...

La nuit on peut

l'entendre qui tourne

en rond pieds nus

dans le noir.

 

Quelqu'un a volé

ses chaussures.

 

Richard Brautigan

 

10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 23:56

Il pleut.  "Mauvais temps !" j'ai pensé ce matin. Mauvais.   Je n'avais pas quitté le roman. Hier, aujourd'hui. Depuis longtemps...Un livre épais. Pas facile à manipuler. A transporter. Je le transporte quand même. Je le pose, ne le quitte pas, jamais vraiment, je le feuillette, je reviens en arrière, j'avance  ...  d'un jour ou deux pas plus..., je relis des notes...Je garde, je regarde...  

Le ciel implore le temps d'être bon...  Et c'est tout un empilement d'heures qui s'emboîtent.

Des mots aussi. Une ligne d'écriture envoyée sur un écran....Et le roman fait écho au film. Brando meurt sur son balcon. On se recroqueville avec lui. On se fait le plus petit possible. On se tient les bras et le ventre. Dans l'air d'un balcon. Dans le mauvais temps qu'il fait là. Un "Dernier tango à Paris", en noir et blanc. Un film triste à mourir... C'est la nuit. Le début de la nuit et l'homme meurt. 

Panique. Peur.

- S'il te plait, meurs pas !  Pars pas !   C'est idiot...La tête, les épaules, l'étreinte et cette force.  Cette magie folle.  Dis-moi ce qu'on va en faire ?  Dis-moi où la mettre ? ... Et cette chape qui couvre tout. ...le désespoir...Rien n'est rationnel."

 Je pose le roman. Je le reprends. Je relis des phrases. Des pages de  phrases. Je ne sais qu'en faire, sinon y penser. Y penser.


 "Personne, jamais, ne pourra raconter. Personne jamais, ne saura. Personne ne pourra savoir... Ton regard s'évadera plus loin que la fenêtre. Tu fixeras une feuille d'arbre, la table du jardin, un fauteuil...pour ne pas glisser vers un lieu vide... Jamais de bonnes raisons à quitter les gens qu'on aime... On s'insurge, on ne veut pas, on pleure. On est un enfant. Un enfant pleure dans un corps grandi. Il sait les lettres, les signes, il déchiffre chaque mot de l'histoire, il respire dans la nuit. Il pleure ?

- Est-ce que tu pleures en silence dans la nuit ?" 

 

 La vie tape et perd son écriture,  deviendra  mauvaise langue en bois de sapin, on sait bien tous ça, non ? ce grand trouble qui attend, cet effroi,...  Merde, on sait bien !

"Viens ! Venez ! Tu es un enfant, une petiote chose, mon amour !"

Et Brando qui n'en finit pas de chanceler sur ce balcon à la gomme.  Sur la même page de pluie, les mots ont mélangé leur encre. On ne se défend pas. Dans un roman, on a tous les droits.

"Dans ce film-là, je ne me défends pas. J'ai juste quelques mots et un paquet de larmes avec moi pour tenir debout." 

Comment se remettre de cette histoire ?  Brando tombe sur le balcon, et dedans il a mal. Ils vacillent ensemble. Personne ne comprend rien.

"On prend soin de ses personnages, les condamnés, (ceux qu'on est tous), et surtout de ceux qui vont mourir à la fin du livre." John Irving dit ça. 

Il y a ceux qui vont mourir à la fin du film. On ne le sait pas d'abord.  

Je reprends mon roman posé sur le lit, une table, le siège de la voiture... Avec moi partout. Pas quitté. Pas quitté. Il pleut. Ca étire le temps, la pluie. Maintenant Brando a une brillance dans l'oeil. Il fixe la caméra. Il a l'air complètement paumé.  Ses paupîères soulèvent des visions folles. Il ferme les yeux. C'est le monde entier qui vacille.  Il dit mot pour mot ce qui est dans le livre.

"Au début de notre histoire, on voulait tout. On croyait tout. Tout, sauf le désastre. Mais qu'est-ce que ça change ? Puisque je te touche....Puisque je te tiens. Jamais tenu quelqu'un comme ça...    On est assis au bord  du ciel, tous les deux et rien d'autre. Rien, même rien, ... ce sera à nous. Se respirer, se respirer la vie... et tant pis si on tourne pas rond ... Qu'est-ce que ça peut faire après tout  ?"

 

 

 

 

 

 


 

9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 19:24

Je trouve très pertinent le texte de Jean-Claude Guillebaud.  Alors voilà, n'étant pas une bonne chroniqueuse politique, je ferai dans la facilité, et ne résiste pas à l'envie de le partager là. Mélenchon donne du coeur à cette campagne grise. Heureusement qu'il est là !

 

"Ce thème de l'adaptation, rabâché depuis des années et repris en chœur dans la campagne électorale, en devient désespérant. Pas un commentaire, pas un discours qui ne répète inlassablement la même injonction : s'adapter, s'adapter, s'adapter.   Mais il faut savoir jusqu'où ce simple constat peut nous amener. À renoncer à la lutte contre les injustices ? À ne plus protéger les plus faibles ? Là est bien la question. Nous risquons de ne plus avoir de « projet » du tout, et de nous contenter de gérer le présent.   

Consensus libéral, prévalence de l'argent, thésaurisation précautionneuse et vision du monde désabusée : tel est le nouveau paysage. Quant au reste… Les idées porteuses de desseins collectifs semblent évanouies. Elles suscitent la moquerie des gens « sérieux ». La représentation de l'avenir s'est brouillée, l'immédiateté prévaut (disons, le court terme) et le grand marché triomphe.  

Allons ! Les riches n'ont plus beaucoup de raisons d'avoir peur, et les pauvres s'habituent déjà à ne plus rien espérer. C'est peu de dire que le projet d'un monde meilleur a cessé d'être d'actualité.

En vérité, l'espérance historique elle-même est souvent présentée comme un concept dépassé.

Espérance et volonté : rien ne nous paraît plus étranger à la nouvelle marche de l'Histoire que ces deux anciennes prétentions de l'esprit public.

Sans nous l'avouer, nous sommes tout près d'accepter l'idée selon laquelle le monde est principalement gouverné par des fatalités sur lesquelles nous avons peu de prise : marchés financiers, commerce international, réseaux immatériels. Tout se passe comme si des forces incontrôlables venaient limiter nos ambitions et désenchanter nos rêves.  L'heure n'est plus au changement programmé mais aux adaptations consenties. À la place de ce mot, on pourrait employer celui de « capitulation ». Il serait plus juste. Le mérite individuel ou collectif ne s'évalue plus selon la capacité de résistance au réel, mais en fonction d'une plus ou moins grande docilité dans l'accommodement. Accepter le monde tel qu'il est ; apprendre à rengainer son énergie ; donner la préférence aux souplesses modestes et aux sacrifices obéissants : le nouveau catéchisme occidental est sans ambiguïté. Il nous enjoint de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'obéir aux injonctions du monde. Avant-hier, c'est le monde lui-même que nous entendions faire plier. Aujourd'hui, nous sommes encore plus fiers de nos accommodements que nous ne l'étions, naguère, de nos révoltes.  

Nous ne sommes pas loin de croire que l'histoire du monde elle-même n'obéit plus qu'à d'obscurs déterminismes anthropologiques ou marchands,  et non point à la « naïve » volonté humaine."

 

 



 

 
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 23:26

Je reviens sur la place. J'en fais le tour méticuleusement. Il y a peu de monde. Le grand bonhomme a l'air de s'emmerder tout seul sur son piédestal.

Combien de temps passé ici, les bras ouverts et vides, le regard qui piétine ?

Je me gare là où, un jour, j'ai passé une nuit dans une voiture en panne.

Un jour, une nuit... C'est pareil. Pareil,pas pareil... Ca se mélange dans la tête à Tourny qui regarde rien, les yeux fixes sur les allées. Immobile comme une pierre à briquet.

J'en avais un, moi, au fond de mon sac. Je ne suis pas partie. A cause du briquet. Des flammes dedans. Du feu qui brûle les doigts et tout le coeur.

- Alors, hein, on fume des clopes ?

- Yes !

On a tous les droits. La liberté, parfois, c'est pas plus que ça : fumer une cigarette dans la nuit qui va. Et qu'est-ce que c'est bon !

"Bordeaux est la plus belle ville du Royaume", c'est écrit dans le marbre, sur une plaque. Là, sous nos pieds. On ne la voit pas, la plaque. Mais il a drôlement raison Tourny, à nous tourner le dos, au milieu de sa place.

Trois siècles nous regardent.

On va mourir demain, trois siècles nous regardent  Et on s'en fout.

Il fait nuit, la voiture est en panne, et on s'en fout.

Le matin n'arrivera jamais.

La ville est immense,  

rien qu'à nous. 

On est la nuit-même.

Et même...

 

 

 

 

1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 02:00

Tout fait lien. Tout fait corps.

Rien n'a d'importance.

Et s'engraine pourtant. 

En un sens inversé aux choses inversées.

Et je suis là, où je ne suis pas.

Et je ne suis pas là.

 

n'a pas d'importance.

Pourtant, d'une chose à l'autre,

d'un rien à un autre rien,

tout fait sens, et,

contre soi,

engraine le coeur.

 

Ca engraine...

ça engraine, tu sais.