Cela vient de la racine. Des profondeurs. Apparues un jour en vrai. Profondeur en faux et "en vrai", comme disent les mômes. Je les entends encore, suspendant la dernière voyelle (é étant une voyelle) : "Ca existe en vréééééé... il parle en vréééé... c'est une histoire en vréééééééééééé... " et ça avait toujours l'air d'être des questions, auxquelles je leur répondais alors : que oui, ou bien, que non, que c'était l'auteur qui inventait, justement pour qu'on se pose des questions. Que le faux disait aussi le vrai.
Donc prendre les choses par le rebours : On sait que c'est faux, mais si alors c'était vrai... On reçoit l'histoire comme étant vraie, ...puisqu'on la ressent, et que l'émotion ressentie, quoi qu'on fasse, est toujours vraie.
On rêve, on cauchemarde, on se réveille en sursaut, rassuré de se trouver dans son lit, mais la peur, elle, continue quand même à agir en nous. Tout est faux, mais la peur, la peur elle, est vraie.
De la même façon, pour balancer par-dessus notre balustre, une blessure de la vie : "Ce doit être un mauvais rêve !" Dès lors, on procèdera par pensée inversée, en somme : on voudra éloigner la peur et la justesse de l'émotion, et croire seulement au rêve puisque, par nature, il est faux. On cherchera un leurre et une absurde rassurance, il n'y a pas de mal à ça.
Donc la profondeur "en faux" (mon histoire de surface de l'autre jour) rend compte d'une profondeur "en vrai".
Voilà, je retombe enfin sur mes pattes arrière, et reviens à mes moutons qui, comme chacun sait, bouffent des racines d'herbe tendre : radicelles de la terre, de l'enfouissure, et de l'invisible.
Bah,... ce n'est rien, ça passe, avec une bonne pommage antibiotique, un bon rinçage de la mémoire, ou même une gomme !...pffff ! on souffle sur les pelures et la page devient à nouveau nette et blanche et on peut continuer sa ligne d'écriture au propre.
Mais reste une trace sur le papier quand même. Il est plus fin, plus délicatement fin on pourrait dire. Il boira l'encre plus sûrement. Il faut surveiller.
Le papier cicatrise. La peau du papier. La peau de la main. Et celle des bras. Et celle des yeux. Et celle du coeur. Et celle...
En vrai ?