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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 05:02

Cela vient de la racine. Des profondeurs. Apparues un jour en vrai. Profondeur en faux et "en vrai", comme disent les mômes. Je les entends encore, suspendant la dernière voyelle (é étant une voyelle) : "Ca existe en vréééééé... il parle en vréééé... c'est une histoire en vréééééééééééé... " et ça avait toujours l'air d'être des questions, auxquelles je leur répondais alors  : que oui, ou bien, que non, que c'était l'auteur qui inventait,  justement pour qu'on se pose des questions. Que le faux disait aussi le vrai.

Donc prendre les choses par le rebours : On sait que c'est faux, mais si alors c'était vrai... On reçoit l'histoire comme étant vraie, ...puisqu'on la ressent, et que l'émotion ressentie, quoi qu'on fasse,  est toujours vraie.

On rêve, on cauchemarde, on se réveille en sursaut, rassuré de se trouver dans son lit, mais la peur, elle, continue quand même à agir en nous. Tout est faux, mais la peur, la peur elle, est vraie.

De la même façon, pour balancer par-dessus notre balustre, une blessure de la vie : "Ce doit être un mauvais rêve !" Dès lors, on procèdera par pensée inversée, en somme : on voudra éloigner la peur et la justesse de l'émotion, et croire seulement au rêve puisque, par nature, il est faux. On cherchera un leurre et une absurde rassurance, il n'y a pas de mal à ça.

Donc la profondeur "en faux" (mon histoire de surface de l'autre jour) rend compte d'une profondeur "en vrai".

Voilà, je retombe enfin sur mes pattes arrière, et reviens à mes moutons qui, comme chacun sait, bouffent des racines d'herbe tendre : radicelles de la terre, de l'enfouissure, et de l'invisible.

Bah,... ce n'est rien, ça passe, avec une bonne pommage antibiotique, un bon rinçage de la mémoire, ou même une gomme !...pffff ! on souffle sur les pelures et la page devient à nouveau nette et blanche et on peut continuer sa ligne d'écriture au propre.

Mais reste une trace sur le papier quand même. Il est plus fin, plus délicatement fin on pourrait dire. Il boira l'encre plus sûrement. Il faut surveiller.

Le papier cicatrise. La peau du papier. La peau de la main. Et celle des bras. Et celle des yeux. Et celle du coeur. Et celle...

En vrai ?

 

 

23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 00:52

La langue enfle, la voix de Kristina respire dans sa langue.

Et les mots s'écoulent sans faire semblant de rien.

Ils sont juste là.

Il me semble les regarder autant que je les entends.

 

 

20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 20:38

Enchev-trement.JPG Photo | Isabelle Lagny

 

Le vide pendu aux cheveux au bout des bras au bout des yeux

une bascule de la peur des grands bras des yeux

le jour ne se dit pas dans l'après des mots

sous l'enclume

l'arc des bras entoure des branches un poumon

un coeur pour dériver

aller droit à l'emporte courant

et creuser une plaque de verre

une flaque de lait 

un désir de poème aux carreaux

20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 17:06

  Une découverte grâce à Christine ! Merci à elle.

Une beauté divine, un chant hors du monde...

 

19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 01:30

J'ai reconnu l'écriture, mais ça se pouvait pas.

J'ai reconnu la voix, dans les mots, mais ça se pouvait pas. Dans les mots non plus, ça se pouvait pas. Pas non plus.

Reconnaître quand même dedans quelque chose. De soi déposé où on ne savait pas encore. A un moment, ça a eu lieu, et on ne peut pas dire quand.

tim-parks.gif

 

La même question, alors, rôde et hante la vie : "Quand est-ce que ça a commencé ?"

Tim Parks en a fait un roman magistral. Le sens peu à peu naît toujours à lui-même, dans l'après, avec cette intuition des "hasards" qu'on savait être, des germes de vie, ou une prescience. 

 

 

Vous voyez, une porte ouvre une porte qui en ouvre une autre donnant sur une porte qui ouvre la porte d'une autre porte donnant sur...

Vous voyez, une image se réfléchit dans un miroir, lui-même réfléchi dans un autre miroir qui réfléchit l'image dans le miroir qui réfléchit le miroir et l'image dans le miroir du miroir qui...

Vous voyez ! Un truc infernal, infiniment infini, et ...un étonnement désirant. Une sidération alors se déplie. Et une greffe de coeurs au coeur, pour le bonheur des choses.

 

 

 

18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 03:47

Et ça se mélange, les choses, les lieux, les êtres...

Un brouillamini de bulles vertes et rouges qui montent et qui descendent dans des bouteilles en verre, tout doucement, des ensembles croisés en tissus de carreaux. Avec le ticket de caisse, tu échangeras le pantalon beige pour un haut en dentelle noire, ça va avec tout et ça ne se froisse pas, même roulé en boule, ça ne se froisse pas et tu te feras un lait chaud, Paris, en banlieue de Bakou, à quelques encâblures tout près de Lyon, vue grand angle sur la plage, à Oran, et Andernos dans les jumelles, à l'oeilleton de la rocade sud, où ? Bordeaux, tu sais bien, Dernière nuit à Twisted River, et une autre plus tard, tu ne diras pas où, dans une Mustang bleu angora, le chat qui ronfle sur la couette, Balthazar et Limonov dans un coin de paupière, la porcelaine de la tasse avec ses fleurs d'une couleur passée, la nuit sous une lampe, et tout ce qui s'entortille, les pensées à l'affût, les yeux comme phares à iode, les pensées qui glissent et finissent par piquer, plus gros que le ventre, "je te donnerai une poire et tu voudrais une pomme", les pensées enchevêtrées, de laine et de papier, la bulle verte colle à la bulle rouge, coule avec le rimmel qui coule, j'ai peut-être un peu trop bu, j'écoute une chanson sur les renforts de l'âme, sur le dessus de ta paume ma tête penche, j'écoute le coeur et tout ce que chuchote le monde au fond des trous d'agathe pour passer à demain... "Dors, ma belle !"

 

 

 

                                                           
17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 03:26

- Et à quel nombre vous vous arrêtez ? 

Il m'avait demandé ça, l'air provocateur et inquiet. Comme si j'annonçais que je partais à la chasse à l'ours, ou quelque chose de cet ordre... Sait-on jamais dans quoi la chaîne des nombres des jours embarque...

C'était il y a une vingtaime d'années, peut-être davantage, je ne sais plus. Un voyage à Avignon, une "machine à jours", à côté d'une machine à café fadasse, sur une aire de repos en bordure d'autoroute.

Glisser une pièce, taper dans un encart votre date de naissance et la machine lache son ticket sur lequel s'inscrit précisément votre nombre de jours vécus. J'avais trouvé ça fascinant !  J'avais ... plusieurs milliers de jours dans mon sac à jours, et ça faisait beaucoup quand même, plusieurs milliers !

J'ai dû fouiller dans ma pochette, chercher cette chose... ou bien aller aux toilettes de la station. Se regarder alors dans le miroir et se dire : "Voilà, tu as plusieurs milliers de jours sur ton visage et tes yeux n'ont pas grandi. La seule chose qui reste identique la vie durant, ce sont les yeux... "

QQQ

 

Le fait est, j'ajoute un "plus un" tous les jours. Dérisoire compte à rebours auquel l'oeil s'habitue, avec, parfois, quand la tête penche sur l'épaule, côté sombre, cette sensation de ne plus ressembler à personne !

 

 

 Naître/mourir.

Entre les deux, plusieurs milliers de jours.

Et des tas de trucs dedans...

 

 

 

Bon, ben j'étais allée me coucher tôt. "Longtemps je me suis couchée avec bonheur..." et voilà ! réveillée par la mémoire enfouie de ce petit matin, en l'an 58 ? Je ne fais pas de bruit pour ne gêner personne, (petits pas de souris et pieds nus, le chat sur mes talons) l'invitée de la vie, ma mère ! ...Mon père !

16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 08:12

Cela commence presque à la manière d'un conte : quelqu'un a couché dans mon lit  et on sait qui c'est. Il y a Vida la mère, Gustavo le mari, Paloma la fille, Adolfo le copain de la fille, et l'inspecteur Taïbo.

A eux cinq, ils vont jouer une partition où prendra place la conscience de vies étriquées et des possibles. 

des-vies-d-oiseaux.jpg

Un changement dans l'organisation des lampes, minuscule, décidera des bouleversements. Et la violence du calme, souterraine, sera levée.

Le livre, écrit par une femme, sur une femme évoluant dans un monde qui n'est pas le sien, montre parfaitement bien l'ouverture de Vida à l'amour, à sa liberté, à la réappropriation de ses racines et à son désir, de plus en plus conscient et vif, de devoir partir.

La loi de l'homme qui l'a tirée de sa fange, (sauvée ?) est, certes, socialement reconnue, mais elle institue la reconnaissance, destructrice, qu'elle lui doit, la contient dans une dépendance

Vida peut donc partir, et sa vie, d'un coup, n'est plus si contrainte qu'elle le pensait, qu'on lui donnait de croire. Vida s'émancipe des morales : le désir amoureux est toujours désir du vivant ; le désir du corps de l'autre est désir du corps du monde.

 

Puis elle s'est allongée et s'est dit, "Tu es à un endroit du monde où personne ne peut rien pour toi" -elle n'a peut-être pas pensé "pour toi", mais plutôt "contre toi".

 

Le roman est construit sous forme de plans très courts et finalement très cinématographiques. Tout est là. Et plus on chemine et touche la peau du texte, plus sa nudité  en est comme augmentée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 14:56

Pour rencontrer la profondeur, peut-être faut-il s'arrêter d'abord à la surface. L'observer, l'écouter, l'entendre, la regarder avec attention.

 

Se concentrer à l'aigu, en angle aigu.  

En intensité de la surface.  

Sinon, on se crée la profondeur, on ne la découvre pas.

 

La photo et la vidéo servent à cela : entendre et écrire le réel. 

La poésie sera au rendez-vous, ou non, dans l'image.

Car écrire de la poésie, c'est, pour moi, s'abstraire, pour se mobiliser, dans la langue et sa cassure, et par cela, rejoindre à l'essentiel de l'éprouvé. A l'aigu, en angle aigu :  travailler à la gomme.

 

 

14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 01:51

 100 3813-1La parole  est voyageuse, tapageuse, même à bas-bruit. (j'emploie souvent cette expression et chaque fois je la trouve très belle !)

Je constate, je lis, j'observe. 

Je constate, je lis et j'observe : les groupes d'appartenance, le sérail d'ici, de là, les propos tenus ici, et là, les cercles fermés, toujours fermés les cercles forcément, et l'hypothénuse bien carrée aussi, des géométries d'initiés : on met, on enlève, on remet, on supprime,  on flatte  ceux qu'on aura dénigrés, on dit "merci, merci" se faisant un "entre soi" avec ceux qui seront des nôtres, se donnant force et loi, un clic et le tour est joué, on rumine ses pensées, j'aime/j'aime pas/j'aime plus, c'est simple, si simple, comme sur Facebook, "j'aime" et c'est fait : ça se passe ici, maintenant, et on en est, on est content d'en être, et tant pis pour l'autre qui n'en est pas, puisque nous, on en est.

Je constate, je lis, j'observe que : dans ces limites-là, finalement, on ne tiendra à rien. Le j'aime/j'aime pas sera bienvenu. On tiendra les rênes. On pourra toujours se dédire, ça craint pas, ça risque rien, on dira "qu'on ne comprend rien à ce que l'autre raconte et à son délire"  (très mince), on aura tout oublié, mais vraiment tout oublié, ou on fera comme si, encore, c'est plus simple, tellement plus simple, on aura la paix des chiens au repos après qu'ils ont mordu le profond du coeur...mais on s'en moquera, fera semblant, gardera la tête froide, et jurera qu'au fond de nous on y a été pour si peu dans une histoire qui se sera jouée sans nous. On en fera grief éternellement à la terre entière d'avoir failli, et on le croira.  Déposant en elle toutes ses lourdeurs douloureuses, on s'en trouvera  idéalement allégé, avec sous le manteau sous la table et sous la main, un coupable à ses maux.

J'observe, je lis, je constate. A un niveau plus intime des êtres de sérail, ou d'un sérail, ou tenu par un sérail, bref assujetti à une norme, et donc conforme, et donc non libre de leur être, (le sachant bien, mais tout en niant le sachant), la mécanique humaine fonctionnera (ou dysfonctionnera) merveilleusement :         "Je suis mal, je te donne ce mal, tu en deviens le réceptacle et l'objet de mon ressentiment, je puis donc te haïr en toute légitimité, et ceux qui t'entourent,  et tout ce que tu aimes, par le seul fait que tu aimes cela."                                   Puis l'allègement en eux fera tomber les tensions, et, dans une relation amoureuse, (Roland Barthes en parlait si bien !), l'objet d'amour redeviendra désirable absolument, le désir amènera d'autres tensions qui retendront la corde du ressentiment qui conviera la haine  allègeant les tensions qui retendront passionnément le lien amoureux qui..., et ainsi de suite pour monter et redescendre sans cesse les marches de pierre d'un infernal escalier.

Le "j'aime/j'aime pas/je re-aime, je re-aime pas, je re- re-aime, je..."  facebookien  laisse toute latitude à l'engrenage pathologique pour s'exprimer.

 

Evidemment, ce "j'aime/j'aime pas" n'a rien à voir avec celui de Perec, qui tentait, lui, d'épuiser le champ du réel, en connection direct avec ses émotions durables et ses choix de l'infra-ordinaire.